Lecture. Anarchistes et féministes, deux femmes décapantes d’un autre siècle.
Livre. Voltairine de Cleyre (1866-1912), née dans le Michigan, et Emma Goldman (1869-1940), émigrée de Russie aux États-Unis au milieu des années 1880, comptent parmi les figures de l’anarchisme américain.
Pour ce mouvement politique, l’émancipation sociale et celle des femmes n’allaient pas nécessairement de soi. Proudhon, dans La Pornocratie ou Les Femmes dans les temps modernes, écrit ainsi : « Je dis que le règne de la femme est dans la famille ; que la sphère de son rayonnement est le domicile conjugal ; que c’est ainsi que l’homme, en qui la femme doit aimer, non la beauté, mais la force, développera sa dignité, son individualité, son caractère, son héroïsme et sa justice. » Plus loin, il ajoute : « Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon. »
La republication, dans une nouvelle traduction, de plusieurs écrits des deux femmes par les éditions BlackJack permet non seulement d’avoir accès à des textes décapants, comme celui sur l’esclavage sexuel, de Voltairine de Cleyre, ou la conférence intitulée Des causes et d’un remède éventuel à la jalousie, d’Emma Goldman, mais aussi de saisir la puissance d’actualisation de cette pensée forgée au tournant du siècle dernier pour certaines problématiques actuelles : sexualités, mariage, prostitution, avortement, famille, reproduction, capitalisme, anarchismes, politique, féminisme…
Entretien avec Émilie Notéris, notamment traductrice de Marshall McLuhan et Hakim Bey, qui assure la présentation de ces écrits. (Mediapart)
Femmes et anarchistes. Voltairine de Cleyre / Emma Goldman. Textes présentés par Émilie Notéris. BlackJack Editions. 296 pages. 22 euros.
