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Pour empêcher les arrivées de migrants, douze pays de l’Union européenne veulent ériger des barrières à leurs frontières

MURS Douze Etats de l’Union européenne ont demandé à Bruxelles de financer la construction de barrières à leurs frontières. L’objectif: empêcher les arrivées de migrants. Ces barrières sont qualifiées de «mesure de protection des frontières efficace» par les ministres de l’Intérieur et chargés des migrations de ces pays, dans un courrier envoyé le 8 octobre au vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, et à la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson. 

Des clôtures de barbelés déjà érigées

Ces ministres soulignent que «la surveillance des frontières n’empêche pas les tentatives de passages illégales» et que «cette mesure légitime devrait faire l’objet de financements supplémentaires et adéquats dans le budget européen.» Car, selon eux, ce projet bénéficierait aux vingt-sept pays membres.

Alors que la Commission prépare une réforme du Code frontière Schengen – espace de libre circulation comprenant 22 pays de l’UE, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, les ministres de l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie réclament une «réponse forte pour contrer l’instrumentalisation de l’immigration illégale et les menaces hybrides […] Aucun pays tiers ne devrait être en mesure d’utiliser notre système d’asile pour exercer des pressions politiques et faire du chantage à l’UE et ses Etats membres, ou d’exploiter la situation actuelle en Afghanistan.»

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Ces derniers mois, plusieurs milliers de migrants, majoritairement des Irakiens, ont franchi la frontière entre la Biélorussie et l’Union européenne, en Lituanie, en Lettonie et en Pologne. L’Union accuse le régime d’Alexandre Loukachenko d’orchestrer ces passages, en représailles aux sanctions européennes mises en place.

La Pologne, comme la Lituanie, a ainsi commencé à construire des clôtures de barbelés sur une partie de leur frontière avec la Biélorussie. La Hongrie avait, quant à elle, déjà érigé ce type de barrière à la frontière avec la Serbie et la Croatie (pays membre de l’UE mais qui n’est pas dans Schengen) lors de la crise migratoire de 2015. La Slovénie a fait de même avec la Croatie.

La lettre a été évoquée alors qu’une réunion des ministres de l’Intérieur avait lieu ce vendredi 8 octobre, à Luxembourg. En août, la Commission européenne s’était dite «favorable» à l’érection d’une clôture entre la Lituanie et la Biélorussie, tout en indiquant qu’aucun financement communautaire ne serait accordé pour cet ouvrage.

La question des fonds européens

Lors de la conférence de presse organisée à l’issue de cette réunion ministérielle, la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a déclaré ne pas être «contre» cette idée, tout en se demandant si les fonds européens, qui sont limités» devraient être utilisés «pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes.» Elle a également rappelé que le Pacte sur la migration et l’asile – un projet de réforme déposé en septembre 2020 par la Commission, qui bute sur les divisions entre Etats membres – étaient toujours «sur la table.»

Citée dans les colonnes du Monde, elle déplore le fait d’agir «en tant qu’Europe du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Nord, mais pas en tant qu’Union.» Une réaction suite à la nouvelle affaire de «pushbacks» – «refoulements illégaux» en français – de migrants mise en ligne par le consortium d’investigation Lighthouse Reports le 6 octobre dernier.

Celui-ci s’est appuyé sur des enregistrements prouvant les brutalités commises par des membres de forces de l’ordre portant des uniformes sans insigne, voire des cagoules, en Croatie, en Grèce et en Roumanie, et dont «le financement pourrait venir de fonds européens», écrit l’envoyé spécial à Luxembourg du quotidien.

Après ces révélations, l’UE a exigé ce vendredi 8 octobre que des enquêtes sur les violences commises contre les migrants aux frontières soient menées. Les ministres des pays concernés ont promis d’enquêter. «Ce n’est pas la première fois, et les résultats éventuels des investigations précédentes n’ont jamais été dévoilés», rappelle Le Monde.

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