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Portrait. Antony Blinken, un diplomate francophile à la tête du département d’Etat

ETATS UNIS D’AMERIQUE Passé par l’administration Clinton puis Obama, Antony Blinken est un diplomate de carrière et un fidèle de Joe Biden. Francophone et francophile.

Il était déjà sur la photo, il passe désormais au premier plan. Antony Blinken fait partie de ces serviteurs de l’Etat dont la trajectoire rectiligne, au fil de leur ascension, n’est entravée que par les alternances politiques. Avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, celle de ce diplomate de 58 ans à la tête du département d’Etat n’est pas une surprise à Washington.

Au printemps 2011 à la Maison-Blanche, sur la photo prise pendant l’assaut contre Oussama ben Laden au Pakistan, Antony Blinken était conseiller à la sécurité nationale du vice-président Joe Biden. De 2002 à 2008, il avait travaillé au plus près du sénateur du Delaware, forgeant leur proximité intellectuelle au sein de la commission des Affaires étrangères. « Tous les deux sortent du même moule de l’interventionnisme. Quand Tony Blinken parle, c’est Joe Biden qui parle », note Gérard Araud, ambassadeur de France aux Etats-Unis entre 2014 et 2019.

Après avoir servi dans l’administration Clinton, Tony Blinken a été la porte d’entrée vers Joe Biden pour toutes les diplomaties étrangères, mais plus encore pour le Quai d’Orsay. A neuf ans, le remariage de sa mère avec Samuel Pisar, un rescapé des camps d’extermination devenu avocat, emmène le jeune Tony à Paris, où il fera toutes ses études secondaires à l’école bilingue Jeannine-Manuel avant de rentrer étudier à Harvard et faire son droit à Columbia. Depuis, la famille de ce new-yorkais d’origine, francophone et francophile, est de celle qui entretient les ponts culturels entre les Etats-Unis et la France.

« Nous mettre en position de force »

Affable avec discrétion, Antony Blinken à la tête de la diplomatie américaine est la promesse de « plus de dialogue, de coopération et de multilatéralisme, note Gérard Araud. Mais voudront-ils gérer le retrait comme Obama ou redéfinir la politique étrangère américaine ? On ne sait pas s’ils feront une bonne politique, mais ils sont compétents ».

Les erreurs reprochées à Joe Biden, comme le soutien à l’intervention américaine en Irak, sont aussi celles faites à Tony Blinken. A un auteur qu’il admire lui attribuant un C- (une mauvaise note) sur son action passée, notamment en Irak ou sur la politique d’Obama en Syrie, il promet sans arrogance qu’il va essayer d’évoluer.

Vis-à-vis de la Chine, qui sera pour la nouvelle administration un enjeu majeur après quatre ans de bras de fer , l’ex-numéro deux du département d’Etat (pendant le second mandat Obama) ne trace pour l’instant qu’une méthode. « Je pense que le vice-président [Joe Biden, NDLR] vous dirait que nous devons commencer par nous mettre en position de force afin que la relation progresse davantage selon nos conditions que selon les leurs », expliquait-il en septembre à CBS News.

Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2016, ce guitariste de rock à ses heures perdues était parti fonder un cabinet de conseil, dont le nom – Westexec – n’est pas sans rappeler celui de l’aile du pouvoir (la « West Wing ») à la Maison-Blanche. Avec notamment celle qui pourrait diriger le Pentagone – Michèle Flournoy.