NZNTV

NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
Photographie. Michel Simon, vivre de sexe et de prostituées

ALBUM Il aurait pu devenir maquereau, mais non. Michel Simon ne voulait pas vivre de l’argent des filles. Il préférait leur en donner. Une partie de sa fortune y passe, d’ailleurs, car il passe sa vie en leur compagnie. Pourquoi ? Explications d’Alexandre Dupouy, auteur d’un livre rempli d’images explicites.

 En introduction du livre qu’il lui consacre, l’Album pornographique de Michel Simon, Alexandre Dupouy ne le dit pas clairement mais voilà : Michel Simon se sentait laid. Si laid qu’avec les filles, au moins, ça pouvait passer. «Il était très complexé et puis, à cette époque, il faut quand même tenir compte du contexte : les femmes libres et affranchies, elles se vendaient.» Dans l’Album, de nombreuses photos en témoignent : Michel Simon fréquente les bordels. Il en connaît tous les pensionnaires, quel que soit leur sexe.

Dans les années 1970, il s’affiche aussi volontiers aux bras des tapineuses qu’il présente comme ses «amies». Une à chaque bras généralement. «On peut le rencontrer sans difficulté dans les rues du quartier Saint-Denis», continue Alexandre Dupouy qui se montre cependant prudent : «Il affirmait dormir dans les maisons closes, mais c’est peut-être de la vantardise.» Vantardise aussi cette histoire selon laquelle il aurait découvert le sexe avec une bonne vers l’âge de 12 ans ?

La petite bonne nommée Marie

«Ça, c’est une histoire qu’il a racontée dans la revue Plexus numéro 4, dans les années 1960Impossible de vérifier. Il affirme que c’est la petite bonne nommée Marie, guère plus âgée que lui probablement, qui l’aurait dépucelé enfant et qui lui aurait montré ses premières photos pornos. Les parents qui apprennent la chose renvoient Marie. Michel est grondé mais lui reste le goût de la chose… Comment savoir si c’est vrai ?» Une seule certitude : ce goût ne le quitte pas. Pour ses besoins masturbatoires, Michel Simon devient d’ailleurs photographe, afin de pouvoir satisfaire son penchant pour le voyeurisme. A Genève où il est né, il ouvre un studio photo qu’il utilise la nuit pour faire des images licencieuses. Sa maîtrise du tirage est telle qu’il invente d’ailleurs des procédés photographiques nouveaux. Il excelle dans l’art de tirer le portrait.

Premier métier de Michel Simon : photographe

Et c’est ainsi, tout naturellement, qu’il en vient à faire ceux d’acteurs et actrices : Paulette Dax, l’une de ses premières maîtresses, mais surtout le couple Pitoëff viennent dans son atelier. Avec les Pitoëff, le courant passe immédiatement : ils lui proposent un rôle de figurant. «Michel Simon monte sur les planches et comme il a une super présence, les Pitoëff l’emmènent à Paris lors de leur tournée… Et comme il a une super présence, Michel Simon devient l’acteur qu’on sait», résume Alexandre Dupouy en souriant. La gloire, cependant, ne lui tombe pas dessus très vite. De fait, Michel Simon fait ses débuts dans la misère à Paris et c’est aussi une des raisons pour lesquelles il s’éprend des filles dites «perdues» : elles, aussi, connaissent le dénuement et l’entraide avec ceux qui partagent leurs difficultés.

L’acteur aurait pu devenir souteneur

La première fois qu’il arrive à Paris, Michel Simon va tout droit dans le quartier Saint- Denis, et cela presque «innocemment», ainsi que le formule malicieusement Alexandre Dupouy. «A cette époque, Michel Simon, qui a dans les 20 ans, ignore qu’il s’agit du quartier le plus chaud de la capitale. Il sait seulement que Colette – dont il est passionné – joue au théâtre de la Renaissance, porte Saint-Martin. Alors, surexcité, dans l’espoir de croiser son idole, il prend pension dans un hôtel borgne non loin de là, un véritable bouge où il finit par se lier d’amitié avec les malfrats et les macs du quartier.» Comme il fait de la boxe, quand une fille a des ennuis, il vient à son secours. Et puis la pègre l’attire, parce que les truands – dit-il – sont fiables, pour ne pas dire honnêtes. On peut compter sur eux. Il s’associe même avec l’un d’entre eux pour vendre des briquets à la sauvette.

Le monde de la nuit et du spectacle

«Parce qu’il donne le coup facilement, il y a des filles qui lui proposent d’être leur protecteur, continue Alexandre. Mais ça ne l’emballe pas du tout, il ne veut pas vivre de leur argent, il veut vivre auprès d’elles, c’est tout.» Petit à petit, tout en vivotant de combats de boxe, de vente à la sauvette et de petits boulots (assistant d’un prestidigitateur…), Michel Simon s’implante dans le milieu de la prostitution, qui est d’ailleurs très proche du milieu du théâtre où il parvient finalement à se faire connaître. C’est donc à cheval entre ces cercles interlopes, en compagnie de femmes et d’hommes qui vivent de leur corps, que Michel Simon se livre à sa passion pour le sexe. «C’était le monde de la nuit, raconte Alexandre. Un univers libre mais précaire, avec beaucoup de jeunes actrices prêtes à tout pour se faire un nom.»

Des copines prostituées

On peut les voir dans l’Album pornographique de Michel Simon, sans trop parvenir à les distinguer des prostituées «classiques» et pour cause : à cette époque, qu’est-ce qui les sépare ? Alexandre Dupouy conclut : «Les prostituées de ce temps… rien à voir avec celles qui maintenant, au mieux, se cachent derrière des écrans. C’étaient des copines, des voisines de quartier ou les habituées du pied de l’immeuble. On les saluait tous les jours. Quand j’étais petit, rue Belhomme au pied de Montmartre, c’était des grands-mères qui se prostituaient, 65-70 ans. Elles me voyaient rentrer avec ma mère, elles s’extasiaient “Qu’il est mignon”, elles m’offraient un pain au chocolat et ma mère les remerciait. Ces femmes-là ont disparu. Ce sont ces femmes que Michel Simon fréquentait. On ne peut pas le comprendre si on ne se remet pas dans ce contexte.»

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.