ONU. Négociations de paix: «Genève est de plus en plus une place de choix»
Michael Møller, directeur de l’ONU à Genève, annonce la reprise des négociations syriennes en janvier au Palais des Nations
Non seulement Genève et la Suisse restent le plus important centre de négociations de paix international, mais ce rôle devrait encore se renforcer en 2016. «C’est de plus en plus une place de choix», a expliqué mardi lors d’une conférence de presse le directeur de l’ONU à Genève Michael Møller en relativisant la concurrence faite par Vienne ces derniers mois. «Genève ne peut pas tout avoir, il est bon qu’il y ait plusieurs centres de compétence dans ce domaine.»
Dès janvier, les négociations en vue d’un cessez-le-feu en Syrie reprendront au Palais des Nations sous la direction de l’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura. Le siège des médiations pour le Yémen et la Libye est également à Genève, de même que celui des discussions sur la Géorgie qui se poursuivent depuis sept ans sans grands résultats. Voilà pour le volet prévention et résolution des conflits.
Tout sauf le Palais
Plusieurs organisations internationales basées à Genève (Haut commissariat aux réfugiés, Organisation internationale pour les migrations, Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires) sont par ailleurs au coeur de l’une des principales crises du moment, celle des réfugiés et des migrants. Mais c’est à Istanbul que se tiendra en mai un Sommet humanitaire mondial pour trouver une réponse globale à ce défi. Genève, enfin, accueille un grand nombre des agences en charge de piloter les objectifs de l’ONU pour un développement durable, précise Michael Møller qui rappelle par ailleurs que plus de 10 000 réunions se sont tenues cette année au Palais des Nations.
Récemment, les diplomates ont pourtant semblé se détourner de l’ancien bâtiment de la Société des Nations construit dans les années 1930, toujours en attente de rénovation. L’accord final sur le nucléaire iranien était signé à Vienne en juin. La dernière grande réunion sur la Syrie s’est également tenue dans la capitale autrichienne. Ces jours-ci, les négociateurs sur le Yémen se sont réfugiés à Macolin. Russes et Américains se sont retrouvés pour leur part à la mission américaine de Genève – à moins d’un kilomètre du Palais – pour aplanir leurs différends à la veille des discussions de New York pour le vote d’une résolution sur la Syrie.
Certaines failles
Plus tôt cette année, c’est Montreux et Lausanne qui servaient de base de repli, Genève n’offrant pas assez de chambre d’hôtels en période de salon de l’horlogerie ou de l’automobile. «Le cadre du Palais est trop protocolaire pour des négociations pour lesquelles il faut isoler les parties ennemies de toute interférence», explique une source diplomatique occidentale à propos des discussions sur le Yémen.
Des interrogations, enfin, ont surgi quant à la sécurité du Palais des Nations suite à une alerte terroriste à Genève. Michael Møller précise toutefois n’avoir reçu aucune indication comme quoi le Palais des Nations était une cible spécifique. Depuis 2003, lorsque le siège de l’ONU à Bagdad fut pulvérisé par un attentat, la sécurité a été renforcée. La découverte d’un Kurde irakien condamné pour soutien à une organisation terroriste qui s’était accrédité auprès de l’ONU grâce à une ONG elle-même au bénéfice d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies va par contre amener la sécurité à revoir ses procédures. «Nous avons identifié certaines failles», reconnaît le directeur.
Pas d’alerte rouge
Mais pas question de céder à une surenchère sécuritaire ou de déclencher «une alerte rouge». Ce serait s’engouffrer dans la logique des terroristes. D’autant que Michael Møller prône une plus grande transparence de l’ONU envers la société civile. Le succès de la journée porte ouverte, en octobre, à l’occasion du 70e anniversaire de l’organisation, est son principal sujet de satisfaction. L’étape suivante est de rendre accessible au public le parc du Palais pour casser l’image de forteresse de l’ONU. «Il faudra trouver le bon équilibre entre ouverture et sécurité», précise le directeur.