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Terreur. Qui finance les djihadistes?

MILLIARDSL’Etat islamique affirme être le groupe terroriste le plus riche du monde avec plus de 2 milliards de dollars de fortune. Vente de pétrole, trafic d’antiquités et racket constituent ses principales sources financières.

Les attentats perpétrés, vendredi, à Paris et à Saint-Denis, mais aussi le fait que Moscou ait admis, ce mardi, que le crash de l’Airbus de Metrojet était un attentat, ont relancé les interrogations sur la capacité de l’Etat islamique à agir au delà des frontières de son califat autoproclamé. Et sur la réalité des moyens de financement de ce groupe terroriste qui revendique une fortune de près de 2 milliards de dollars. Vente de pétrole, trafic d’antiquités, racket constituent les principales sources financières du groupe mais ce ne sont pas les seules.

Le pétrole, une manne réelle, bien que sans doute surestimée

C’est la première source de financement à laquelle on pense, compte tenu du fait que l’Etat islamique contrôle huit champs pétroliers en Syrie et en Irak. S’il n’y a aucun doute sur le fait que l’Etat islamique revend au marché noir du pétrole, par contre difficile d’avancer avec certitude un montant de revenus car cette revente se fait par définition en deçà du prix du marché. A titre d’illustration, Daveed Gartenstein-Ross, un expert sur le financement du terrorisme de la Foundation for Defense of Democracies, à Washington, estime que lorsque le baril était à 100 dollars, l’Etat islamique revendait le sien entre 30 et 40 dollars pour le brut et 60 dollars pour le pétrole raffiné.

Il y a un peu plus d’un an, Theodore Karasik, directeur de la recherche de l’Inegma, (Institute for Near East and Gulf Military Analysis), avançait que l’Etat islamique obtenait 3 à 4 millions de dollars de revenus quotidiens de ce trafic. Fin 2014, l’ONU a revu à la baisse ces estimations, en évoquant plutôt 1,6 million de dollars par jour. 

Mais de nombreux experts estiment ces chiffres largement surestimés et sans doute très touchés par l’effondrement des prix du brut qui n’est plus qu’à 42 dollars. Mi-octobre, par exemple, le Centre pluridisciplinaire d’Herzliya (en Israël) lié au think tank Middle East Forum, a eu la possibilité d’analyser les documents budgétaires de l’Etat islamique pour la province syrienne de Deir ez-Zor (contrôlée depuis 2014 et l’une des plus riches en pétrole), entre le 23 décembre 2014 et le 22 janvier 2015.

Or sur cette période d’un mois, le groupe terroriste a reçu 8 millions de dollars de revenus. Et sur ce total, pétrole et gaz ne représentaient que 28 %. On est bien loin donc de la rente de plusieurs centaines de millions avancés par certains.

Le trafic d’antiquités, des revenus difficiles à cerner

Si les responsables de la propagande de l’Etat islamique sont doués pour frapper les esprits avec des vidéos montrant la destruction de sites archéologiques, tout le monde s’accorde pour affirmer qu’une partie des trésors antiques de la région est revendue sous le manteau. Aucune estimation fiable quant à ce que représenterait ce trafic n’est véritablement disponible et ce d’autant plus que le trafic d’antiquités n’est pas uniquement le fait des terroristes de Daech.

Seule indication disponible, des documents, saisis par les militaires américains au printemps 2015 lors de l’opération qui a conduit à la mort d’ Abu Sayyaf, montraient que les antiquités vendues dans la province étaient soumise à la perception d’une taxe de l’ordre de 20 %.

La confiscation de biens assurerait près de la moitié des revenus de l’EI

Peu évoquées, les confiscations de biens des habitants constitueraient une source de revenus importante : près de 45 % des rentrées de l’Etat Islamique, selon les documents budgétaires de la province syrienne de Deir ez-Zor. Sont confisqués les biens des habitants qui ont fuit la région, de ceux qui ont enfreint certaines règles imposées par l’Etat islamique ou bien encore se sont livrés à du trafic de marchandises interdites (alcool et cigarettes). Sur cette période d’un mois, les fonctionnaires zélés de l’Etat islamique ont saisi plus de 70 maisons, environ 180 km2 de terres et quelque 4.300 paquets de cigarettes, toujours selon les mêmes documents.

La confiscation de terres, notamment agricoles, fait craindre par ailleurs un financement via la vente à la Turquie de coton, pour sa filière textile, ou bien encore de céréales.

Les « taxes » sur les populations du Califat

Le Califat autoproclamé de l’Etat islamique se veut un Etat comme un autre avec les attributs du pouvoir qui vont avec. Dans cet esprit, il a récemment décidé de f rapper sa propre monnaie et a maintenu et développé un système de taxation des habitants des zones sous son contrôle. Selon certaines estimations, ce système permettrait à l’Etat islamique de percevoir plus de 500 millions de dollars par an. Outre leurs propres taxes (dont celles sur les antiquités et d’autres qui tiennent surtout du racket sous prétexte d’assurer la protection de personnes) les terroristes de Daech ponctionneraient également les aides qui sont parfois toujours versés par les gouvernements légitimes d’Irak et de Syrie.

Le pillage de banques en territoire occupé

Rien de romantique dans cette activité. Mais en avançant, l’Etat islamique a mis la main sur de nombreux établissements et agences bancaires. Plus de 500 millions de dollars auraient été ainsi dérobés dans des banques locales en Irak. Et l’Etat islamique aurait également mis la main sur 430 millions de dollars en s’emparant, au printemps 2014, de la Banque centrale de Mossoul.

Le trafic d’être humains

Si l’Etat islamique est connu pour la mise en scène de ses exécutions collectives, la contrebande liée aux êtres humains est aussi une source de revenus. Les rançons obtenues dans le cadre d’enlèvements de citoyens étrangers (membres d’organisations internationales notamment) ont sans doute contribué à recueillir des millions de dollars.

D’après des sources médicales irakiennes, l’EI est également présent dans le trafic d’organes humains prélevés sur les corps de captifs, de soldats morts ou de prisonniers blessés. De son côté, le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme a affirmé que le groupe vendait des corps et des organes de personnes blessées qu’ils avaient arrêtées.

Toujours selon l’ONU, plus de 25 000 femmes et enfants ont été emprisonnés puis vendus comme prisonniers de guerre. Sans oublier l’implication probable de l’Etat islamique dans le trafic des réfugiés, qui tentent de passer en Europe.

Les dons de certains pays du Golfe

Les dons provenant de certains pays du Golfe auraient constitué, selon les autorités de Bagdad, la première et principale source de financement de l’Etat islamique. Et de fait, avant de devenir l’organisation terroriste que l’on connaît, l’Etat islamique a bénéficié de la manne destinée aux différents groupes d’insurgés syriens luttant contre le régime de Bachar al-Assad. Une enveloppe financée en grande partie par l’Arabie Saoudite et le Qatar.

Lors du sommet du G20 qui vient de se tenir en Turquie , le président russe Vladimir Poutine a enfoncé encore plus loin le clou en affirmant que l’EI était financé par 40 pays, y compris par des pays-membres du G20. Une affirmation qui intègre les ventes illégales de pétrole.

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