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C’est quoi le Novitchok ?

POISON Le Novitchok correspond à une famille d’agents innervants extrêmement dangereux. Il « provoque un ralentissement du rythme cardiaque et l’obstruction des voies respiratoires jusqu’à la mort par asphyxie », explique à l’agence de presse Reuters le professeur Gary Stephens, expert en pharmacologie à l’université de Reading (Berkshire). Concrètement, ce poison inhibe la cholinestérase, une enzyme qui permet au système nerveux de communiquer avec les muscles ; du fait de ce défaut de « transmission », la victime se trouve dans l’impossibilité de respirer.

Les spécialistes ont connaissance de versions liquides (un fluide incolore qui peut être mélangé à de la nourriture ou jeté sur la peau) et solides (de la poudre ultrafine inhalée par le nez, ou des patchs collés sur la peau) du Novitchok.

  • Quel est le danger ?

Selon la forme sous laquelle le poison est administré, les premiers symptômes peuvent apparaître entre trente secondes et deux minutes, selon le manuel Responding to Terrorism : A Medical Handbook.

Si un traitement d’urgence peut permettre de sauver la personne avant que le cœur ne s’arrête, le manque d’oxygène peut provoquer des dégâts irréversibles dans le cerveau.

Le Novitchok est considéré comme cinq à dix fois plus létal que les deux autres agents innervants les plus connus : le gaz sarin (utilisé par le régime de Bachar Al-Assad contre ses adversaires en Syrie) et le VX (responsable de la mort du demi-frère du leadeur nord-coréen Kim Jong-un, selon la diplomatie américaine).

  • D’où vient ce poison ?

Le Novitchok, dont le nom signifie « petit nouveau », fut mis au point par des chercheurs de l’Union soviétique (URSS) dans les années 1970 et 1980, dans le cadre du programme « Foliant ». Son développement répondait à un enjeu stratégique majeur pour Moscou : jouer aux bons élèves dans les discussions internationales sur l’interdiction des armes chimiques, tout en fabriquant secrètement de nouveaux agents innervants surpuissants, résistant aux antidotes traditionnel

Les agents de la famille Novitchok étaient composés d’ingrédients autorisés individuellement, qui ne révélaient leur toxicité qu’une fois combinés. Cette caractéristique présentait un double avantage : les ingrédients pouvaient être transportés individuellement en toute sécurité vers le lieu où ils devaient être utilisés, et ils étaient quasi indétectables par les enquêteurs internationaux en cas de contrôle.

Le développement du Novitchok a continué malgré les engagements de l’URSS à mettre fin à son programme chimique, et son existence a, finalement, été découverte par la communauté internationale grâce à des transfuges soviétiques au début des années 1990.

Après la guerre froide, la Russie a montré patte blanche en réclamant l’aide des Etats-Unis pour démanteler son arsenal d’armes chimiques, comme le raconte l’organisation américaine Nuclear Threat Initiative. Un partenariat que Moscou a choisi de rompre en 2012, aiguisant les doutes quant à la sincérité de son engagement à tirer un trait sur son armement chimique. Officiellement, la Russie est censée achever par elle-même la destruction totale de son arsenal d’ici à décembre 2020.

  • Quelles répercussions face à ces empoisonnements ?

Le gouvernement britannique prend « très au sérieux » la nouvelle affaire d’empoisonnement d’Amesbury. Une réunion d’urgence a été convoquée, jeudi 5 juillet, par le cabinet, et la police antiterroriste poursuit son enquête.

L’affaire Skripal avait provoqué une crise diplomatique majeure. Le Royaume-Uni et ses alliés occidentaux ont, en effet, attribué la tentative d’assassinat à la Russie, qui a nié. La montée de tensions a engendré la plus grande vague d’expulsions croisées de diplomates russes et occidentaux.

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