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Elon Musk, seul maître à bord chez Twitter

FREE SPEECH L’homme le plus riche du monde a pris le contrôle exclusif de la plateforme très influente pour 44 milliards de dollars. À peine arrivé, il imprime déjà sa marque. Libertarien convaincu, il a désormais un pouvoir exorbitant sur le débat public dans le monde occidental.

l’oiseau«L’oiseau est libéré. » C’est naturellement sur Twitter qu’Elon Musk a annoncé le 27 octobre à ses 110 millions d’abonnés le rachat du réseau social. Cette acquisition de 44 milliards de dollars met un terme à sept mois de batailles juridiques, de coups fourrés, d’accusations diverses entre le milliardaire et les équipes dirigeantes. La plateforme, qui a une très forte influence sur le monde politique, médiatique et financier, est désormais la propriété exclusive de la plus grande fortune du monde.

Dans les heures qui ont suivi cette acquisition, Elon Musk a tout de suite confirmé qu’il entendait être le seul maître à bord. Le directeur général de Twitter Parag Agrawal, le directeur financier Ned Segal, la directrice juridique Vijaya Gadde, et le secrétaire général du groupe Sean Edgett ont été démis dans l’instant de leurs fonctions. Elon Musk entend assurer la fonction de PDG du réseau social, en même temps que celle de Tesla (voitures électriques) et SpaceX (espace), le temps au moins d’appliquer tous les changements qu’il a en tête pour le réseau social.

Car le milliardaire a des idées très précises sur ce qu’il convient de faire de Twitter. Libertarien convaincu, il ambitionne que le réseau social soit un lieu sans contraintes, au nom du « free speech » (la liberté totale d’expression), et que toutes les idées puissent s’exprimer sans entrave. Il a déjà prévenu que toutes les règles de modération seraient révisées et abaissées, afin de supprimer des « contraintes inutiles », selon lui.

De même, il a prévu de supprimer la règle du bannissement à vie, instituée par les dirigeants du réseau social pour endiguer la diffusion des appels à la violence et la propagation de thèses antisémites, racistes et complotistes. Les règles avaient été durcies après l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021.

Le premier test grandeur nature pour mesurer l’évolution du réseau social sous la conduite d’Elon Musk sera le retour ou non de Donald Trump sur Twitter.

L’ancien président américain, qui a fait des tweets un usage compulsif pendant tout son mandat, s’était vu interdire de compte après l’attaque du Capitole. Le milliardaire avait alors fait savoir qu’il était totalement opposé à une telle mesure contre Donald Trump. Cela lui avait valu le soutien d’une large partie des républicains, qui ont poussé pour que le milliardaire rachète le réseau social.

Pendant son attaque boursière, Elon Musk a soigneusement évité le sujet de Donald Trump. De son côté, l’ancien président américain a déclaré qu’il préférait rester sur le réseau social qu’il a créé et qu’il ne reviendrait pas sur Twitter. Certains pensent qu’il ne s’agissait que de paroles de circonstance afin de ne pas éviter les soupçons des autorités. Pour eux, si Donald Trump est autorisé à revenir sur la plateforme, il y reviendra au plus vite, tant il est nostalgique de l’audience que lui apportaient ses tweets dans le passé.

Un pouvoir sans règle

Le deuxième test sur les manières de voir d’Elon Musk portera sur les salariés. Ces derniers jours, le milliardaire a fait savoir qu’il comptait supprimer « 75 % des emplois » dans le groupe, des emplois inutiles, selon lui, puisque toute la politique de surveillance et de modération allait être revue à la baisse. Le milliardaire a depuis démenti ces propos, mais n’a pas rassuré pour autant.

Le milliardaire, en revanche, a pris soin d’organiser dès le premier jour de sa prise de pouvoir une rencontre avec les publicitaires. Elon Musk estime que la plateforme n’attire pas assez de publicités, sa seule source de revenus. Cherchant à les rassurer sur la suite, Elon Musk s’est engagé auprès d’eux à ce que Twitter ne devienne pas « un enfer de la libre parole pour tous ».

La contrainte publicitaire est sans doute la seule barrière qui puisse contenir les ambitions et les lubies d’Elon Musk. Car, pour le reste, les pouvoirs politiques et réglementaires n’ont érigé aucun texte ni aucune mesure pour tenter de réguler le monde numérique, le contrôler et organiser des contre-pouvoirs. Au moment où l’homme le plus riche du monde prend le contrôle de Twitter, et exprime sa volonté d’en user pour servir au moins de caisse de résonance à ses idées et à ses intérêts, beaucoup risquent de le regretter.

Martine Orange

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