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Les Chypriotes turcs veulent la reconnaissance de deux États séparés

DIPLOMACIE Un plan en six points a été présenté mercredi au secrétaire général de l’ONU par le président de la République turque de Chypre-Nord, qui demande un «statut international égal» à celui des Chypriotes grecs.

Le président chypriote grec Nicos Anastasiades (à gauche), le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres (au centre) et le président de la République turque de Chypre-Nord Ersin Tatar photographiés à Genève.

Les Chypriotes turcs font de la reconnaissance de deux États séparés sur l’île divisée depuis 1974 une condition pour une reprise des pourparlers de paix. Mercredi à Genève, ils en ont appelé au Conseil de sécurité de l’ONU dans un plan en six points.

Dans ce document présenté au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres par Ersin Tatar, le président de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue seulement par la Turquie, demande un «statut international égal» à celui des Chypriotes grecs. Selon elle, ce scénario est le seul qui peut permettre un «accord réaliste et durable».

La RTCN déplore que les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU depuis des décennies aient été prises en considérant les Chypriotes turcs au mieux comme de simples «observateurs». Alors que de son côté, la République de Chypre, qui contrôle le sud de l’île, est la seule reconnue par la communauté internationale.

Selon les Chypriotes turcs, la situation désormais impose le scénario de deux États séparés, après des décennies de discussions sur un État fédéral. Une approche contraire aux résolutions du Conseil de sécurité, comme l’ont fait remarquer ces derniers jours les Chypriotes grecs et leur allié grec.

Appel aux trois garants

Selon le plan de la RTCN, Antonio Guterres devrait oeuvrer auprès de l’organe exécutif de l’ONU pour faire reconnaître deux États séparés. Il piloterait ensuite des négociations pour un accord de collaboration et de règlement de questions comme la propriété, la sécurité ou les relations avec l’UE, dont seule la République de Chypre fait partie.

Tout arrangement devrait s’accompagner d’une reconnaissance mutuelle des deux États, soutenue par les puissances garantes turque, grecque et britannique. Il devrait ensuite être approuvé par référendum de chaque côté de l’île.

Avant même de présenter ce plan à Antonio Guterres, Ersin Tatar avait affiché le refus d’un État fédéral dans la matinée lors de la plénière de la réunion informelle de Genève autour du secrétaire général de l’ONU. «Nous avons continué d’expliquer notre approche en vue de deux États égaux», avait-il affirmé au terme de cette discussion entre tous les acteurs de la situation à Chypre.

Turquie derrière son allié

De son côté, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a dit avoir défendu son allié, montrant «pourquoi une solution fédérale n’est pas possible». Autour d’Antonio Guterres se trouvaient le président chypriote grec Nicos Anastasiades et Ersin Tatar, nationaliste élu en octobre dernier en militant pour deux États. Face à eux, les chefs de la diplomatie des puissances garantes de la sécurité de Chypre depuis 1960, Mevlüt Cavusoglu et ses homologues grec Nikos Dendias et britannique Dominic Raab.

Avant même le début mardi à Genève de la réunion informelle prévue jusqu’à jeudi pour tenter de lancer de premiers pourparlers formels depuis 2017, Nicosie et son allié grec avaient estimé que les discussions de cette semaine étaient importantes pour l’île. Selon des médias chypriotes grecs, Antonio Guterres aurait expliqué dès mardi après-midi à Ersin Tatar que le scénario de deux États ne faisait pas partie de son mandat. Et que celui-ci ne pourrait être discuté.

«Chacun connaît le mandat existant de l’ONU», a dit à Keystone-ATS une source de la délégation chypriote turque. Elle a ajouté que la réunion entre le secrétaire général et Ersin Tatar avait été «très positive».

Mercredi soir, face à cette proposition inacceptable pour eux, Nicos Anastasiades et Nikos Dendias se sont rencontrés. Selon des sources chypriotes grecques citées par des médias, en raison de ce blocage, Antonio Guterres aurait même menacé d’arrêter la réunion informelle au bout de deux jours seulement.

Appel récemment pour un État fédéral

Au total, selon un récent sondage, plus de quatre Chypriotes turcs sur cinq souhaitent cette séparation, qui serait aussi tolérée par un peu plus d’un quart des habitants de la partie grecque au sud de l’île. Samedi, des centaines de personnes des deux côtés ont manifesté. Elles ont appelé à ne pas renoncer à une réunification qui garantirait les droits des deux communautés dans l’île divisée depuis 1974 après une invasion turque dans le nord en réaction à un coup d’État.

L’une des principales difficultés entre les deux parties reste la question des dizaines de milliers de soldats turcs dans le nord. Les Chypriotes turcs et leur allié souhaitent le maintien d’au moins une partie de ce dispositif.

Les Chypriotes grecs demandent eux l’arrêt du droit des «garants» d’intervenir militairement en cas de problème de sécurité important. Cet appel a été relayé par Londres, qui n’a pas caché son souhait de renoncer à son statut, et aussi par la Grèce.

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