NZNTV

NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
Portrait. Pierre Haski, jousnaliste épris de justice et de liberté

SANG DE LA CHINE Président de RSF et ancien correspondant à l’AFP, il fut rédacteur en chef adjoint à Libération. Fondateur de rue 89, éditorialiste géopolitique sur France Inter, il est également président de Reporters Sans Frontières. Lorsqu’il était correspondant à Pékin pour le journal Libération de 2000 à 2006, Pierre Haski a rencontré à de nombreuses reprises Liu Xiaobo, héros oublié de la Chine et receveur du Prix Nobel en 2010. Des suites de sa mort en 2017 dans une prison chinoise, l’auteur nous livre aujourd’hui l’histoire de cet homme épris de justice et de liberté, militant des droits de l’homme qui a défié avec courage le régime autoritaire chinois. Pierre Haski participe cette année au festival en tant que membre du jury du Prix Joseph Kessel de la SCAM.

C’est en 1974 que Pierre Haski débute sa carrière de journaliste. D’abord à l’Agence France Presse, pour qui il est correspondant en Afrique du Sud entre 1976 et 1980, puis à Libération à partir de 1981 comme spécialiste des questions internationales. Après s’être occupé de la rubrique Afrique, de la rubrique diplomatique, il devient correspondant à Jérusalem en 1993. Il revient à Paris deux ans plus tard comme chef du service international et rédacteur en chef adjoint.

En 2000, il part en Chine comme correspondant pour Libération où il restera cinq ans. À Pékin, le journaliste tient un blog « Mon journal de Chine », dont l’accès finit par être bloqué par les autorités chinoises. De son expérience dans l’empire du milieu, il tire deux livres : Sang de la Chine, qui trouve un écho dans les plus grands journaux internationaux et obtient le prix Joseph-Kessel 2006, et Cinq ans en Chine, tiré de son blog. Un des premiers livres en France écrit à partir d’un blog, avec la possibilité de poursuivre l’interactivité avec l’auteur sur internet.

En 2007, Pierre Haski quitte Libération pour fonder le site d’information Rue89, avec Arnaud Aubron, Michel Lévy-Provençal, Laurent Mauriac, et Pascal Riché. Il signe par ailleurs un essai en 2008 sur les bouleversements entraînés par l’arrivée du web dans la société chinoise, dans Internet et la Chine, paru au Seuil. Il y met en lumière les enjeux pour les autorités – qui s’ouvrent au net par intérêt économique mais contrôlent l’information – et la population, notamment les partisans d’une démocratisation du pays qui utilisent le média pour se faire entendre.

Ancien correspondant à l’étranger, Pierre Haski a de longue date cette capacité à poser un regard distancié sur les problèmes franco-français. Le regard sur nous même, c’est un des points de départ de son dernier livre Le droit au bonheur (Stock, 2017), où il tente de comprendre la dépression des Français. Pourquoi la France connaît-elle ce sentiment de déclassement ? Ses habitants sont aujourd’hui persuadés que la prochaine génération vivra moins bien que celle de leurs parents, pour la première fois depuis un siècle et demi… Pourquoi ? Tentative d’explication dans cet essai sans complaisance sur la France actuelle, où Pierre Haski s’appuie sur ce qu’il a vu à travers le monde, que ce soit en accompagnant des chefs d’Etat ou dans ses reportages en Asie et en Afrique. Le jounaliste décrypte tous les grands changements qui bousculent la France, et tente de livrer un antidote à notre pessimisme

Il publie en 2018 Les Années 50. Et si la guerre froide recommençait ? chez La Martinière, fruit d’une collaboration avec Pascal Blanchard et Farid Abdelouahab. Et si l’histoire se répétait ? Et si, en Corée, une nouvelle Guerre froide commençait ? Le mur anti-migrants de Donald Trump comme un écho au programme d’expulsion des Mexicains de Dwight D. Eisenhower, la domination militaire russe en héritage de Nikita Khrouchtchev à Vladimir Poutine, la menace nucléaire qui se perpétue… Les enjeux passés n’ont jamais été aussi présents.

Cette année, Pierre Haski nous revient avec l’histoire de Liu Xiaobo, héros discret et oublié de la Chine. Lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2010, c’est avec ferveur que cet homme épris de justice et de liberté a milité en faveur des droits de l’homme et lutté contre le régime autoritaire chinois. C’est un beau geste que celui de rappeler à notre mémoire le destin courageux d’un homme que l’Empire Céleste s’efforce d’effacer de son histoire. Du rôle-clé de Liu Xiaobo lors des manifestations de la place Tian’anmen en juin 1989 à sa mort en 2017 dans une prison chinoise, en passant par sa participation à la rédaction de la charte 08, l’auteur rend hommage à l’homme qui a su défier Pékin et questionne par la même l’histoire de cette grande puissance mondiale qu’est la Chine.


Bibliographie

  • Liu Xiaobo l’homme qui a défié Pékin (Hikari Éditions, 2019)
  • Année 50. Et si la guerre froide recommençait ?, avec Farid Abdelouahad et Pascal Blanchard (La Martinière, 2018)
  • Le droit au bonheur (Stock, 2017)
  • Internet et la Chine (Seuil, 2008)
  • Cinq ans en Chine (Les Arènes, 2006)
  • Israël : Une histoire mouvementée (Milan, 2006)
  • Le sang de la Chine : Quand le silence tue (Grasset, 2005)
  • Ma Yan et ses sœurs (Ramsay, 2004)
  • Le Journal de Ma Yan : Vie quotidienne d’une écolière chinoise (Ramsay, 2002)
  • Ben Gourion (Autrement, 1998)
  • L’Afrique blanche (Seuil, 1987)

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.