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Société. Les Afghanes n’ont plus aucun droit

TERROR De dramatique à critique, le 21 août 2024, les talibans ont adopté une nouvelle loi pour «promouvoir la vertu et l’élimination du vice», qui viendrait restreindre le peu de liberté des femmes afghanes.

Au cours des trois dernières années, les talibans ont renversé deux décennies de progrès dans les droits humains en Afghanistan, excluant les femmes et les filles de la société.

Parwana Ibrahimkhel est une défenseuse des droits des femmes afghanes, qui a été enlevée et torturée pour avoir protesté contre le régime. «Il y a eu des reculs importants dans les droits des femmes sous le régime des talibans. Les femmes ont été privées du droit à l’éducation, au travail et à la participation politique. Elles se sont même vu refuser des libertés fondamentales, telles que la possibilité d’aller à la salle de sport ou dans les salons de beauté.»

Cette nouvelle loi aurait maintenant introduit une longue liste d’obligations, interdisant notamment le son de leur voix en public, décrite comme une «violation morale».

Sibylle Mani, coordinatrice des droits humains en Afghanistan pour l’OMCT, s’est rendue en mission dans la capitale Kaboul, et a pu observer de près l’inquiétude du peuple afghan.

«Il y avait une atmosphère lourde, irréelle. Les rues ont moins de vie, de couleurs, et la condition des droits humains se détériore de jour en jour.»

Pour l’OMCT, la mise en place de cette loi inhumaine et dégradante envoie un message clair. Il s’agit là d’une politique cruelle, qui dépouille la moitié de la population de sa dignité.

«Les talibans ne voient pas les femmes comme des êtres humains. Pour eux, elles sont seulement bonnes à rester chez elles et à faire des enfants. Ces croyances sont au cœur de l’identité des talibans. L’Afghanistan est depuis les trois dernières années sous un régime d’apartheid du genre», raconte Tamana Zaryab Paryani, journaliste et activiste afghane.

Cet environnement d’oppression qui ne cesse d’empirer entraîne maintenant une dégradation de la santé mentale des femmes, en particulier chez les adolescentes, privées de leur éducation. Aussi, selon une enquête du «Guardian», le taux de suicide commis par les femmes serait en hausse, représentant trois quarts des suicides recensés.

Que peut donc faire la communauté internationale?

Pour Tamana Zaryab Paryani et Parwana Ibrahimkhel, les organismes internationaux devraient arrêter entièrement de coopérer avec les talibans, pour éviter de légitimer leur autorité.

Il est aussi crucial d’appeler ce traitement dégradant et inhumain comme tel, mais nous devons trouver un moyen de soutenir les activistes encore dans le pays et leur permettre de continuer leur travail vital, malgré les circonstances.

En attendant, les femmes afghanes ne veulent pas être perçues comme des victimes. Elles vivent dans des conditions traumatiques, mais font preuve d’énormément de résilience. Par de petits actes, comme ne pas cacher leurs chevilles par le port de chaussettes, ou de grandes démonstrations de courage, en continuant de manifester dans les rues de Kaboul.

«J’ai moi-même été témoin du courage de tant de ces femmes. Nous avons la responsabilité de ne pas les abandonner. Nous leur devons notre soutien indéfectible», a ajouté Sibylle Mani.

La question reste entière: Comment maintenir des principes de droits humains dans un pays dirigé par les talibans, tout en soutenant les efforts des activistes locaux?

Aurore Heugas et Gerald Staberock, de l’OMCT