NZNTV

NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
Grèce. La droite du premier ministre Kyriakos Mitsotakis largement victorieuse

ATHINA, DIMANCHE 21 MAI Si la victoire du camp sortant est incontestable, il ne recueille pas la majorité absolue et un nouveau scrutin devra être organisé pour éviter un gouvernement de coalition.

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis le dimanche 21 mai 2023 à Athènes.

EPA/YANNIS KOLESIDIS

Le parti de droite de Kyriakos Mitsotakis a remporté ce dimanche une large victoire lors des élections législatives en Grèce mais un second scrutin sera nécessaire pour lui garantir un gouvernement stable.

La Nouvelle-Démocratie (ND) dirigée par le Premier ministre sortant a remporté 40,8% des suffrages, selon des résultats partiels portant sur 85% des bureaux de vote. Elle devance très nettement la gauche de l’ancien chef de gouvernement Alexis Tsipras qui n’a recueilli que 20% des voix, devant le parti socialiste Pasok-Kinal qui a enregistré un score de 11,6%.

Vers une coalition?

Saluant avec sa victoire «un séisme politique», Kyriakos Mitsotakis, aux commandes depuis 2019, a ouvert la voie à un second scrutin qui pourrait se tenir fin juin ou début juillet et lui permettrait, s’il confirme cette performance, de décrocher une majorité absolue. Grâce à un système électoral différent, le parti vainqueur obtiendrait alors un «bonus» pouvant aller jusqu’à 50 sièges. Selon les projections dimanche soir, son parti s’adjuge 145 des 300 sièges de députés, soit six sièges de moins que la majorité absolue.

Peu après, s’adressant à ses sympathisants en liesse, il a assuré: «Ensemble nous nous battrons dès demain pour qu’aux prochaines élections ce que les citoyens ont déjà décidé, à savoir une ND autonome, soit mathématiquement confirmé». Durant sa campagne électorale, Kyriakos Mitsotakis avait exclu de former une coalition, dans un pays dont la culture politique ne repose pas sur le compromis.

Lourd échec pour Tsipras

De son côté, l’ancien Premier ministre de la gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras, constatant sa défaite, à appeler ses sympathisants à mener une «deuxième lutte électorale cruciale». Mais le dirigeant de 48 ans qui a largement recentré Syriza ces dernières années, essuie un lourd échec, lui qui avait promis «le changement».

Les Grecs ne lui ont jamais vraiment pardonné d’avoir croisé le fer avec l’Union européenne lors des négociations houleuses pour l’octroi d’un plan de sauvetage en 2015 au point de précipiter le pays au bord de la sortie de l’euro. Avant de capituler et de devoir mettre en oeuvre de drastiques mesures d’austérité dictées par les créanciers de la Grèce.

Reprise économique

Durant sa campagne électorale, le dirigeant conservateur diplômé de Harvard et fils d’un ancien premier ministre Kyriakos Mitsotakis, n’a cessé de brandir son bilan économique. Ce dimanche après avoir voté à Athènes, il a assuré vouloir faire de la Grèce «un pays plus fort avec un rôle important en Europe». «Nous votons pour notre avenir, pour plus d’emplois et de meilleurs emplois, pour un système de santé plus efficace», a-t-il aussi souligné, accompagné de deux de ses trois enfants adultes.

Chômage en baisse, croissance de près de 6% l’an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme, l’économie a repris des couleurs après les années de crise aiguë et de plans de sauvetage européens. Son adversaire, qui incarna en 2015 les espoirs de la gauche radicale en Europe, avait voulu voir dans ces élections «un jour d’espoir» pour «tourner la page de quatre années difficiles» avec un gouvernement «arrogant et qui ne s’intéresse pas aux plus nombreux».

La baisse du pouvoir d’achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations d’une population qui a consenti de douloureux sacrifices ces dix dernières années. De nombreux Grecs doivent se contenter de bas salaires et ont perdu confiance dans des services publics réduits à peau de chagrin après des cures d’amaigrissement drastiques. Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170% de son PIB. Et l’inflation a frôlé l’an dernier les 10% aggravant encore les difficultés de la population.

«De mal en pis»

«On va de mal en pis. Nous travaillons juste pour survivre», déplore Giorgos Antonopoulos, 39 ans, employé dans un magasin de Thessalonique, la deuxième ville du pays. Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts a réveillé la colère qui ronge la Grèce depuis la crise et déclenché des manifestations contre le gouvernement accusé d’incurie.

Les contempteurs de Kyriakos Mitsotakis lui reprochent une dérive autoritaire depuis son arrivée au pouvoir. Son mandat a été émaillé de scandales, des écoutes illégales aux refoulements de migrants en passant par les violences policières. En mars, le Parlement européen a dénoncé des «menaces sérieuses à l’Etat de droit et aux droits fondamentaux» en Grèce, selon l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld.

La Grèce, lanterne rouge de l’UE en matière de liberté de la presse dans le classement annuel de Reporters sans frontières, est aussi régulièrement accusée de refouler des migrants vers la Turquie. Vendredi, le quotidien américain «New York Times» a publié une vidéo attestant de telles pratiques illégales qu’Athènes nie avec véhémence.

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.