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Mort du photographe William Klein, l’oeil féroce de la pop culture

YES Le photographe William Klein est mort le 10 septembre à Paris à l’âge de 96 ans. Né à New York en 1928 dans une famille juive orthodoxe, cet autodidacte de la photographie a révolutionné le monde de l’image.

À la fois peintre, plasticien, graphiste et réalisateur de film documentaire et de fiction, William Klein s’est éteint ce samedi 10 septembre à Paris à l’âge de 96 ans. Artiste total, provocateur et iconoclaste, il s’était formé quasiment seul. Après une brève formation en sociologie, il a étudié la peinture avec André Lhote puis Fernand Léger, testant les limites de l’abstraction géométrique qui le mèneront à la photographie. William Klein découvre l’Europe lors de son service militaire après une jeunesse pauvre à Manhattan.

La radicalité d’un photographe

Grand charmeur à la réputation de « bad boy », le père de l’image de rue, en rompant avec les codes de la photographie traditionnelle, suscite de vives réactions à coups de cadrages inhabituels, de flou singulier, de grand-angle et de contrastes cinglants. À partir des photographies prises lors de son retour à New York, William Klein conçoit, à 26 ans, un journal photographique dont il résulte un premier livre qui fera date dans l’histoire de la photographie : Life is good and good for you in New York : Transe witness revels (1956).

Boudé par les Américains, c’est en France qu’il est publié en 1956 et remporte le prix Nadar l’année suivante, avant Londres et Milan. Ses photographies révèlent l’agitation brutale de la ville. Dans Gun 1, New York (1954), l’œil froncé d’un garçon de la rue s’aligne sur le canon du pistolet qu’il braque sur le spectateur et son visage grimaçant suffit à exprimer toute la violence de son geste. Cette radicalité se révèle aussi dans ses tirages de mode, réalisés notamment pour « Vogue » pour lequel il travaille durant dix ans.

La franchise d’un réalisateur

Après la photographie, le cinéma s’impose à lui. En 1958, il réalise le court métrage Broadway by Light, puis le culte Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? en 1966. En 1969, il laisse libre cours à son goût pour la castagne et ses inclinations politiques et sociales. Dans le film Mister Freedom, il met en scène, non sans humour, un superhéros de l’impérialisme yankee venu sauver la France de super-héros communistes.

Hommages à l’artiste protéiforme

Nombre d’expositions ont été dédiées à l’œuvre exubérante d’un artiste qui aura touché à la photographie comme au cinéma, à la rue comme à la mode. En 2019, l’Académie des Beaux-arts, avec le soutien du Chengdu Contemporary Image Museum, a créé un prix éponyme en hommage à l’œuvre de William Klein. Ce prix récompense, tous les deux ans, un ou une photographe de toute nationalité et de tout âge pour l’ensemble de sa carrière et de son engagement en faveur de la photographie.

Représenté en France par la galerie Polka, il a fait l’objet d’une importante exposition en 2005 au Centre Pompidou à Paris, tandis qu’en 2012, la Tate à Londres faisait dialoguer ses clichés avec ceux du non moins radical photographe japonais Daido Moriyama. Ces réalisations sont également mises en lumière actuellement à l’International Center of Photography de New York, où l’exposition « William Klein : YES ! » vient d’être exceptionnellement prolongée.

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