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SECURITE Plusieurs anciens modèles de téléphones ne pourront plus faire tourner l’application, affectant potentiellement des millions d’utilisateurs. Le phénomène n’est pas nouveau, et n’est pas de la faute de WhatsApp

Dès ce 1er janvier, des millions d’utilisateurs de WhatsApp n’auront plus accès à ce service de messagerie, lit-on un peu partout depuis plusieurs jours. C’est vrai, de nombreux téléphones, jugés trop anciens, ne seront plus capables de faire tourner l’application. Mais le phénomène est plus complexe qu’il n’en a l’air. Et il n’est pas nouveau.

Fort aujourd’hui de plus de 2,2 milliards d’utilisateurs sur la planète – ce qui en fait sans doute l’app la plus téléchargée –, WhatsApp décide régulièrement de ne plus offrir ses services sur certains téléphones jugés trop anciens. C’est au moins arrivé à trois reprises. Le service, qui appartient à Facebook, avait déjà décidé en janvier 2019 de ne plus être actif sur une vingtaine de téléphones Nokia tournant avec le système Series 40. Début 2020, WhatsApp est également devenu inutilisable sur certains anciens iPhone tournant avec la version 7 du système iOS. Cela concernait notamment l’iPhone 4. Et c’est aussi le cas, depuis un an environ, sur les smartphones Android équipés de la version 2.3.7 ou plus anciennes.

Mises à jour impératives

Une nouvelle palette de smartphones se voient privés d’accès à WhatsApp – et il n’est pas clair s’il s’agit d’une nouvelle décision entrant en vigueur ce 1er janvier ou si elle date de quelques mois. Mais le résultat est le même: pour les iPhone, le service requiert l’installation, au minimum, de la version 9 d’iOS. Du coup, les propriétaires de modèles anciens (iPhone 4S, 5, 5S, 6 et 6S) doivent absolument mettre à jour le système d’exploitation iOS pour continuer à utiliser WhatsApp. Et pour les téléphones Android, la version 4.0.3 est requise. Cela exclut par exemple les modèles Desire de HTC ou Galaxy S2 de Samsung. Quant aux propriétaires des modèles Galaxy S3 ou Xperia Pro de Sony, ils doivent eux aussi mettre à jour Android vers la dernière version proposée pour ces modèles.

Progressivement, WhatsApp abandonne ainsi, tous les douze mois environ, des téléphones jugés trop anciens. Et ce phénomène va certainement continuer ces prochaines années. Pourquoi? D’abord parce que la messagerie lance régulièrement de nouveaux services, comme les transactions financières, les interactions avec des entreprises, voire bientôt la publicité. Il n’est pas toujours possible de proposer ces services sur des modèles trop anciens.

Soucis de sécurité

Autre souci, de taille: si Apple ou Google cessent de proposer des mises à jour pour les systèmes d’exploitation d’anciens modèles, ceux-ci deviennent moins sûrs. Ils sont davantage susceptibles d’être soumis à des attaques par des pirates exploitant des failles, ce qui met non seulement en danger l’utilisateur, mais aussi, dans certains cas, l’ensemble du service.

WhatsApp est ainsi le reflet de l’obsolescence qui atteint progressivement tous les téléphones. Comme d’autres apps, WhatsApp est contraint de suivre ce mouvement sans fin, qui force au final des utilisateurs à racheter de nouveaux téléphones. Combien sont-ils? Très difficile à dire. Selon nos estimations, entre 0,5 et 1% des utilisateurs du service pourraient être affectés par les nouvelles exigences, ce qui représente tout de même entre 10 et 20 millions de personnes. En Suisse, vu que le parc des smartphones est plus récent, le pourcentage devrait être plus faible encore.

Quelle responsabilité?

Apple et Google ont-ils une part de responsabilité dans cette fuite en avant? Sans doute. Prenons Apple. Son iPhone le plus ancien à faire tourner encore WhatsApp est le modèle 4S, commercialisé fin 2011. Depuis juillet 2019 et la version 9.3.6 d’iOS, la marque à la pomme a cessé de mettre à jour ce téléphone (les modèles les plus récents bénéficient de la version 14.3). Mais en regardant l’historique des mises à jour, on se rend compte qu’Apple n’avait déjà proposé aucune mise à jour entre 2016 et 2019.

C’est donc moins de cinq ans après sa commercialisation qu’Apple a arrêté de proposer des mises à jour conséquentes pour l’iPhone 4S. C’est une durée relativement courte. Et la situation est souvent pire encore du côté d’Android, car de nombreux fabricants de smartphones décident rapidement de ne plus proposer de mises à jour pour leurs modèles tournant avec le système de Google.