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En Irak, des familles soupçonnées d’avoir des liens avec Daech victimes d’exactions dans les camps

PRESSIONS. Amnesty International publie un rapport qui révèle que des femmes et des enfant ont été soumis à des châtiments collectifs en raison de leurs liens, même distants, avec des hommes liés à Daech ou fuyant des bastions du groupe terroriste.

En Irak, des familles soupçonnées d’avoir des liens avec Daech victimes d’exactions dans les camps
«Parce qu’ils me considèrent au même titre qu’un combattant de Daech, ils vont me violer. Ils veulent montrer à tout le monde ce qu’ils sont capables de me faire, de me prendre mon honneur. Je ne peux pas me sentir à l’aise dans ma tente. Je veux juste une porte qui se ferme et des murs autour de moi. Tous les soirs je me dis que je vais mourir.»

Dana, jeune fille de 20 ans dont le prénom a été modifié pour sa sécurité, a survécu à plusieurs tentatives de viols et subit des pressions pour avoir des relations sexuelles avec des membres des forces de sécurité dans son camp. Comme elle, 92 femmes dans 8 camps des provinces irakiennes de Ninive et Salaheddine, ont témoigné aux enquêteurs d’Amnesty International du calvaire qu’elles vivent au quotidien.

Exactions
Leur enquête, menée entre octobre 2017 et mars 2018, rapporte que des femmes sont violées et soumises à l’exploitation sexuelle, quand des enfants ne sont eux pas autorisés à aller à l’école. Tous manquent de nourriture, d’eau et d’autres produits de première nécessité. Marginalisés, on leur refuse la possibilité de refaire des pièces d’identité ou autres documents, ce qui bloque l’accès aux aides et aux pensions. Ces exactions sont attribuées aux forces de sécurité irakiennes, à des membres de l’administration du camp et aux autorités locales, mais aussi aux unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi qui sont devenues un supplétif incontournable, mais encombrant, pour les forces irakiennes face au groupe Etat islamique.

Lorsque les familles ont fui Mossoul en 2016, au moment de la bataille, des milliers d’hommes et de jeunes garçons ont été séparés des femmes et arrêtés arbitrairement. Certains d’entre eux étaient effectivement des combattants et des commandants de Daech mais beaucoup n’avaient jamais pris part aux combats, travaillant comme cuisiniers ou chauffeurs pour l’organisation terroriste. D’autres encore n’étaient que des homonymes de personnes recherchées.

Survie
La quasi-totalité de ces hommes ont disparu, un certain nombre d’entre eux lors d’exécutions extrajudiciaires, d’autres torturés à mort. Pour les forces irakiennes, toute connexion familiale avec un membre de Daech, y compris s’il s’agit d’un proche affecté à un travail de non combattant, rend toute la famille suspecte. Du jour au lendemain, des milliers de femmes se sont donc retrouvées cheffes de famille et doivent désormais lutter pour leur survie en Irak, enfermées dans des «camps de déplacés internes», victimes d’exactions de la part des gardiens.

Ces pratiques ont été confirmées par une vingtaine de travailleurs humanitaires d’ONG internationales. Amnesty International rappelle dans son enquête les nombreuses exactions de Daech, y compris leur utilisation des populations comme bouclier humain, les tirs sur les civils qui tentaient de fuir les zones contrôlées et le recrutement d’enfants soldats. «Cependant, condamner les mêmes familles à de nouvelles exactions compromet toute réconciliation et nourrit les risques de montée de violence en Irak», indique le rapport qui fait également le point sur les exactions massives contre les minorités irakiennes dans les territoires contrôlés par Daech, notamment les femmes yézidies violées et vendues comme esclaves. L’Etat islamique pourtant très affaibli dans la région, semble donc toujours hanter l’Irak qui prépare les élections législatives du 12 mai.

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