Réchauffement climatique: l’accord de Lima, timide « pas en avant » vers la conférence de l’Onu sur le climat à Paris en 2015

HOT. Les pays engagés dans des négociations marathon à la conférence de l’Onu de Lima en vue de limiter le réchauffement climatique sont parvenus dimanche 14 décembre à dépasser un clivage Nord-Sud et à conclure in extremis un accord.
Après deux semaines de pourparlers et plus de 30 heures de prolongation, ils ont adopté un cadre général pour leurs futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces engagements ou ‘contributions nationales’ devront être annoncés l’an prochain, avant le grand rendez-vous de la conférence sur le climat en 2015, du 30 novembre au 11 décembre prochains à Paris.
Mais avant ce rendez-vous, que François Hollande souhaite « historique », la route sera longue. Le compromis signé à Lima sera suivi de plusieurs rendez-vous qui vont jalonner les négociations en vue d’un accord multilatéral fin 2015.
« De profondes et anciennes divergences »
Dans la capitale péruvienne, un document, qui servira courant 2015 de base aux négociations préalables à la conférence de Paris, a été adopté. Salué par l’Union européenne comme « un pas en avant » et par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius comme « une bonne base de travail », cet accord à l’arrachée qui vise à réduire les émissions de 40 à 70% d’ici à 2050 est jugé insuffisant par les ONG.
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent de croître chaque année, alors qu’elles doivent baisser pour que la hausse de la température du globe ne prenne pas une ampleur dangereuse. Le futur accord de Paris, qui entrera en vigueur en 2020, doit permettre d’initier cette transition. Et il y a encore du travail pour y parvenir.
Selon Alden Meyer, expert de l’Union of concerned scientists et observateur des débats, « il y a de profondes et anciennes divergences: le financement, quels pays sont davantage obligés à agir pour réduire les émissions et faut-il donner une plus grande priorité à l’adaptation ». « Ces divisions ont presque fait capoter le processus de Lima, si on ne les résout pas, elles menacent de bloquer un accord à Paris », prévient-il.
Le 31 mai comme date butoir d’un projet officiel
Les 8 et 13 février, les pays se retrouveront à Genève pour reprendre les discussions sur le document de travail du futur accord de Paris. Avant le 1er mars, les pays « qui sont en mesure de le faire » devront annoncer leur engagement, appelé contribution nationale, pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.
Le 31 mai a par ailleurs été fixé comme date-butoir pour qu’un projet officiel de texte soit soumis aux 195 pays membres de la Convention de l’ONU sur le climat, avant la réunion intermédiaire annuelle à Bonn, du 3 au 14 juin, qui permettra de faire le bilan et de poursuivre les négociations sur le futur accord.
Au deuxième semestre, une dernière session de négociations intermédiaires se tiendra pour préparer l’accord de Paris dans un lieu à définir. De son côté, le secrétariat de la Convention de l’ONU sur le changement climatique réalisera pour le 1er novembre une synthèse agrégeant les différents engagements. Cela permettra de mesurer l’effort global par rapport à l’objectif de limiter la hausse du thermomètre de la planète à 2°C et, sans nul doute, de constater qu’un fossé reste à combler.
Responsabilité commune mais différenciée »
La Convention de l’ONU sur le climat de 1992 reconnaît « une responsabilité commune mais différenciée » pour deux catégories de pays (développés et en voie de développement) et cette question vient régulièrement compliquer les débats. Chine et Inde en tête, désormais le 1er et le 4e émetteurs de gaz à effet de serre, plaident pour un statu quo, considéré comme inacceptable par les Etats-Unis, l’Union européenne, etc.
Les pays du Sud – surtout groupe Afrique, petits Etats insulaires, Arabie saoudite, Brésil et Philippines – veulent aussi assurer une place de choix à l’adaptation aux impacts du changement climatique. Non seulement dans l’accord de 2015, mais aussi dans les « contributions nationales ».
« Les pays développés ne voudraient que de la réduction des gaz à effet de serre (dans les contributions), mais c’est impossible pour nous », a déclaré à l’AFP Seyni Nafou, porte-parole du groupe Afrique.
Demande de garanties financières
Le processus d’évaluation des contributions (au niveau global, et par rapport à la capacité de chaque pays) est un autre sujet de friction, Chine et Inde notamment étant opposés à une démarche trop exigeante.
Les pays africains, qui ne représentent qu’une fraction marginale des émissions de gaz à effet de serre (quelque 3 %), conditionnent une évaluation précise à des garanties financières.
L’aide aux pays du Sud pour faire face au réchauffement est un sujet de grande défiance dans ces discussions. Certains pays, notamment Chine, Brésil, Mexique, Arabie saoudite, Bolivie (qui préside le groupe G77) exigent plus de visibilité sur la manière de tenir la promesse que le Nord a faite en 2009 d’atteindre 100 milliards de dollars d’aide annuelle en 2020. (Huffington post)