Planète cherche pilotes

Michel Rocard lance à Genève un Appel pour une gouvernance mondiale solidaire et responsable. Il n’y a pas de pilote dans le vaisseau spatial Terre. Notre planète – ou plutôt ses passagers humains – est en grave danger.
Mais ni les Etats, ni le système international qu’ils ont créé tout en l’empêchant d’agir pour de bon, ne peuvent enrayer les menaces urgentes du 21e siècle : réchauffement climatique, pagaille financière, chômage, terrorisme mafieux… D’où un «Appel pour une « gouvernance mondiale solidaire et responsable » lancé début mars à Genève par l’ancien premier ministre français Michel Rocard au nom d’un groupe de personnalités internationales et d’ex-dirigeants politiques.
L’appel, élaboré par le Collegium international (un cercle de réflexion sur les défis planétaires basé à Paris), ne prône pas de gouvernement mondial : « Ni réalisable, ni souhaitable », affirment les signataires. Il s’agit d’utiliser ce qui existe – l’ONU – en le conduisant vers une « gouvernance multipolaire » impliquant les acteurs réels : Etats, entreprises, société civile, experts, médias. Où les principes de droit international évolueraient vers des normes « d’intersolidarité planétaire » applicables à tous les secteurs d’activité, du commerce à l’humanitaire.
Michel Rocard ancien Premier Ministre, France.
La crise financière illustre la capitulation des Nations Unies face aux « croyances des fous de la régulation invisible des forces du marché », estime Rocard. De même l’échec des conférences climatiques de Copenhague et Durban sape la confiance du public dans les autorités publiques – nationales ou internationales.
Pour sortir de ce blocage, ajoute le socialiste français, une seule solution : c’est la société, les sociétés de notre planète qui doivent réclamer une gouvernance mondiale. « La montée de l’inquiétude planétaire » qui s’exprime partout, des indignés aux printemps arabes, imposera tôt ou tard des solutions même si les décideurs n’en veulent pas. La victoire des ONG qui ont lutté contre les mines anti-personnel pour aboutir à un traité d’interdiction montre le chemin.
Mais comment inciter les habitants de la Terre à se mobiliser en faveur d’un pilotage solidaire et responsable ? Les auteurs comptent entre autre sur les journalistes. Mais si les patrons des médias n’entrent pas dans le jeu, cet appel restera une belle réflexion intellectuelle de plus sans suivi concret.
Daniel Wermus
Parmi les signataires : Edgar Morin, Michel Rocard, Mireille Delmas-Marty, Richard von Weitzsäcker, Milan Kučan (ex-président de Slovénie), Stéphane Hessel, Fernando Henrique Cardoso (ex-président du Brésil), René Passet, Peter Sloterdijk, Bernard Miyet, Patrick Viveret, Ahmedou Ould Abdalah, Ruth Dreifuss (ex-présidente de la Confédération suisse), William vanden Heuvel, Michael W. Doyle, Ricardo Lagos (ex-président du Chili).
Texte de l’appel : http://www.collegium-international.org/