De nombreux Etats en retard dans leurs engagements pour le climat

Seuls 33 pays sur 195, dont les Etats-Unis et ceux de l'Union européenne, ont livré, avant la date butoir, leur « contribution nationale » à l'objectif de limitation du réchauffement à 2 °C. Le Gabon les a rejoint le 1er avril.

Par Publié le 31 mars 2015 à 17h14 - Mis à jour le 10 avril 2015 à 15h13

Temps de Lecture 4 min.

On y voit un peu plus clair dans les négociations climatiques. Pour faciliter un compromis entre les 195 Etats signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se retrouveront du 30 novembre au 11 décembre à Paris pendant la COP21, les pays étaient invités à présenter d'ici au 31 mars leur « contribution nationale » à l'objectif mondial de limitation du réchauffement à 2 °C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Mardi 31 mars, les Etats-Unis se sont engagés à une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2025 par rapport à 2005, tandis que la Russie annonçait une baisse de 25 à 30 % d'ici à 2030 par rapport à 1990. Ces deux pays rejoignent l'Union européenne, le Mexique, la Norvège et la Suisse, qui avaient rendu publics leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre post-2020.

Mercredi 1er avril, le Gabon a rendu public sa contribution, il est le premier pays africain - le 34e des 195 Etats de la CCCNUCC - à présenter ses engagements pour le climat. Le point sur cette première étape du processus qui ménera les pays à la COP 21.

Lire l'entretien avec le commissaire européen à l'action climatique et à l'énergie, Miguel Arias Cañete (édition abonnés) : « Le rendez-vous de Paris sur le climat sera crucial  »
  • Quand le processus des contributions nationales a-t-il démarré ?

« La décision de mettre sur la table des contributions nationales remonte à 2013, explique Thomas Spencer, directeur du programme énergie et climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Il a été décidé lors de la COP de Varsovie que tous les pays devaient contribuer au processus d'accord sur le climat dans des délais raisonnables. En 2014, l'appel de Lima a esquissé les contours de ces contributions et dressé un calendrier pour 2015. »

La notion de contribution (INDC, pour « intended nationally determined contributions » en anglais) n'est pas neutre. Elle remplace le terme d'engagement qui a prévalu pendant longtemps dans les négociations climatiques, mais qui ne faisait pas l'unanimité parmi les pays en voie de développement qui le jugeaient trop contraignant. D'ailleurs, les économies émergentes ou en développement privilégient un autre acronyme anglais, NAMA (pour « nationally appropriate mitigation actions »), qui renvoie aux actions nationales volontaires que les pays sont prêts à engager afin de réduire leurs émissions polluantes.

  • Pourquoi avoir fixé une date butoir au 31 mars ?

Pragmatique, le secrétariat de la CCNUCC n'imposait pas aux 195 Etats de rendre leur feuille de route avant le 31 mars, elle en faisait seulement la demande aux pays « prêts à le faire ». Les retardataires ne risquent aucune sanction, tout au plus un coup de pression de leurs partenaires. Car les Nations unies ont fixé d'autres dates sur la route de la COP21 : elles espèrent collecter l'ensemble des contributions d'ici à début octobre et être en mesure d'en présenter la synthèse le 1er novembre, un mois avant la conférence de Paris.

  • Quel est le périmètre des contributions ?

En dépit de plusieurs demandes faites à Lima en décembre 2014, le périmètre des contributions nationales n'est pas précisément défini. Les pays peuvent s'engager dans deux voix diffèrentes, ou choisir ces deux voies à la fois : l'atténuation et l'adaptation.

L'atténuation fait référence aux mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre, axe privilégié par les pays industrialisés, qui figurent parmi les plus gros émetteurs de la planète. L'adaptation englobe les politiques visant à réduire les effets déjà perceptibles du dérèglement climatique. Par souci de transparence et d'équité entre les Etats, le secrétariat de la convention-cadre s'est engagé à publier chaque contribution sur son site Internet.

  • A quoi les contributeurs déjà connus s'engagent-ils ?

L'Europe des Vingt-Huit prévoit une baisse de 40 % de ses gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Ce plan d'action est assorti de deux autres objectifs : porter la part des énergies renouvelables à 27 % et atteindre 27 % d'économies d'énergie. La Norvège s'est alignée sur la position de l'UE. La Suisse envisage de diminuer de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. La Russie a annoncé une baisse de 25 à 30 % d'ici à 2030 par rapport à 1990.

Lire : L’Europe adopte sa contribution à la lutte contre le réchauffement

Premier pays émergent à publier sa contribution, le Mexique prévoit un pic de ses émissions en 2026 et leur réduction de 22 % d'ici à 2030. Mardi 31 mars, les Etats-Unis ont confirmé les engagements figurant dans l'accord sino-américain de novembre 2014 : une baisse de 26 % à 28 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2025 par rapport à 2005.

Mercredi 1er avril, le Gabon a officialisé sa contribution. Elle  prévoit une réduction d'au moins 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre sur la période 2010-2025 (par rapport à 2000), avec possibilité de poursuivre l'action jusqu'en 2030 voire 2050. Précision importante, ce plan n'intègre pas les étendues forestières gabonaises, qui ont une forte capacité de stockage de carbone.

  • Pourquoi si peu de pays ont-ils dévoilé leurs objectifs ?

De nombreux pays d'Afrique et d'Amérique latine, mais aussi la Chine ou l'Inde, rencontrent des difficultés à planifier leurs engagements. L'exercice est relativement nouveau et requiert des objectifs énergétiques clairs et des coûts d'investissement précis. Pékin et New Delhi espèrent publier leur feuille de route lors de la reprise des négociations multilatérales, en juin à Bonn, tandis que les contributions africaines sont attendues à l'automne.

D'autres ne cachent pas leur désaccord avec ce processus destiné à engager, à long terme, l'économie mondiale sur la voie d'une décarbonisation. Le Japon, le Brésil ou le Canada, tous gros émetteurs de gaz à effet de serre, semblent notamment partager cet état d'esprit.

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