La CPI, Cour internationale sous pression

En plus de dix ans d'existence, la Cour pénale internationale n'a mené de procédures que contre des suspects africains. L'accusant de racisme, l'Union africaine envisage de se doter de sa propre cour.

Par Publié le 02 juillet 2013 à 15h32 - Mis à jour le 10 juillet 2013 à 15h52

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Thomas Lubanga (au centre), au moment de la prononciation de sa condamnation, le 10 juillet 2012.
Thomas Lubanga (au centre), au moment de la prononciation de sa condamnation, le 10 juillet 2012. JERRY LAMPEN/AFP

L'accusation était retentissante. C'était le 27 mai, au terme du sommet marquant les 50 ans de l'Union africaine (UA). Pendant trois jours, les Etats avaient planché sur la meilleure stratégie pour contrer les poursuites engagées par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, fraîchement élu, lorsque le président en exercice de l'UA et premier ministre d'Ethiopie, Hailemariam Desalegn, a accusé la Cour de mener "une sorte de chasse raciale" contre les Africains.

Etablie par traité en 1998, la Cour pénale internationale a ouvert ses portes en 2002. L'idée de créer une cour permanente, chargée de poursuivre les responsables de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, est née dans le sillage du tribunal de Nuremberg, qui avait jugé les principaux dignitaires nazis après la seconde guerre mondiale. Elle faisait suite à la création de plusieurs tribunaux ad hoc chargés de statuer sur les crimes de masse en ex-Yougoslavie, au Rwanda et en Sierra Leone, dans les années 1990. Depuis lors, elle a ouvert des enquêtes dans huit pays, tous africains. De quoi donner corps à l'accusation d'Hailemariam Desalegn.

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Parmi la trentaine de responsables poursuivis, Uhuru Kenyatta occupe une place particulière : le président kényan, élu le 4 mars, doit répondre avec son colistier, William Ruto, de crimes contre l'humanité pour des violences commises après l'élection présidentielle de décembre 2007. Le procès doit commencer à l'automne. L'Union africaine voit ces poursuites d'un très mauvais oeil. Dans une résolution, elle s'inquiète de la "menace" que ces actes d'accusation pourraient faire peser "sur les efforts destinés à promouvoir la paix et la sécurité ainsi que la primauté du droit et de la stabilité en Afrique". Uhuru Kenyatta fait l'objet de poursuites depuis 2010. Les pourfendeurs de la CPI voient dans son élection à la présidence un véritable référendum contre l'institution. Ses partisans, eux, assurent que les poursuites ont au contraire permis de tenir, cette fois, des élections dans le calme au Kenya.

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