Droits civiques, Irak : les Oscars secoués par les polémiques

Aux Etats-Unis, libéraux et conservateurs s’écharpent au sujet de « Selma » et de « American Sniper ».

Par Publié le 21 janvier 2015 à 10h32 - Mis à jour le 19 août 2019 à 13h43

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La réalisatrice de
La réalisatrice de "Selma ", Ava DuVernay, l’acteur David Oyelowo, Oprah Winfrey et le maire de Selma, George Evans, défilent, le 18 janvier, sur le même parcours que Luther King, cinquante ans plus tôt. AFP/SEAN GARDNER

A Hollywood non plus, l’époque n’est pas à la complexité. Les nominations aux Oscars, annoncées le 5 janvier, ont suscité la polémique aux Etats-Unis. A gauche, les critiques pleuvent sur l’Académie des arts et sciences du cinéma, l’organisme corporatif qui préside au vote et à la remise des trophées, implicitement accusée de racisme pour avoir négligé Selma, le film sur Martin Luther King de la réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay. A droite, les conservateurs tirent sur quiconque ose émettre un doute sur la guerre en Irak, illustrée dans le très patriotique American Sniper de Clint Eastwood. En fait, la réalité est plus nuancée. L’injustice faite à Selma est peut-être moins irréparable qu’il n’y paraît. Et le Sniper moins glorieux. Il n’est qu’à voir l’état dans lequel se trouve le héros en rentrant au Texas après quatre séjours en Irak.

Selma, du nom de la localité de l’Alabama, dans le Sud profond, où s’est déroulé, en 1965, l’un des événements fondateurs de la lutte des Noirs pour le droit de vote, a été retenu par l’Académie dans la catégorie du meilleur film, aux côtés de sept autres œuvres. Mais les juges – professionnels de l’industrie du cinéma qui donnent chaque année leur verdict – ont délaissé la réalisatrice afro-américaine, et surtout l’acteur britannique David Oyelowo, qui joue un Martin Luther King complexe, humain, déchiré entre sa famille et sa mission. Un pasteur inspiré dans ses discours, tout autant qu’habile sur la scène politique quand il essaie de créer un rapport de force pour faire plier Lyndon B. Johnson.

L’Académie avait à peine livré le nom des nominés pour la soirée du 22 février que les réseaux sociaux ont explosé. Pas un Noir, Latino ou Asiatique sur les 20 élus de la catégorie meilleur acteur/actrice ou meilleur second rôle, un panorama sans précédent depuis 1998. Les critiques ont noté l’absence de représentativité de l’Académie : à 94 % blanche (alors que les Noirs représentent 14 % de la population américaine).

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« Le multiculturalisme est un échec »

Sur Twitter, le hashtag #OscarsSoWhite a été créé et les sarcasmes ont fusé. « Des Oscars tellement blancs qu’on a remis ses chaînes à Django » (l’esclave héros du film de Quentin Tarantino, 2012). Tellement blancs qu’« il y avait plus de diversité aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 ». Tellement blancs qu’« on dirait le Congrès »… A l’autre extrémité, les extrémistes Blancs ont crié que « le multiculturalisme est un échec » et réclamé le retour à la ségrégation, avec des « Oscars pour les Noirs » et des « Oscars pour les Blancs ».

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