NZNTV

NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
Photography. Oliviero Toscani: «Les gens sont choqués par l’image, mais pas par la réalité»

REEL Le photographe de 82 ans, dont les publicités pour Benetton ont suscité de très nombreuses polémiques, était de passage à Zurich à l’occasion de la première rétrospective qui lui est dédiée au Musée suisse du design.

Un angelot aux bouclettes blondes et un petit diablotin. L’antagonisme de cette affiche résume la façon dont est perçu le photographe qui l’a réalisée, Oliviero Toscani: pour les uns (dont des intellectuels comme le philosophe Gilles Lipovetsky), un dénonciateur génial qui pousse les consommateurs à la réflexion; pour les autres, un vil récupérateur de la souffrance humaine à des fins mercantiles. Reste que tout au long des années 1990, Toscani a suscité des débats passionnés avec ses images chocs devenues iconiques, par l’entremise de Luciano Benetton, fondateur de la marque, son mécène, son «Laurent de Médicis».

Fils de photoreporter, Toscani a été formé à la Kunstgewerbeschule de Zurich. Sur ce campus, dans l’actuel Museum für Gestaltung, se tient sa première rétrospective. Grâce à ses archives inédites de personnes noires et homosexuelles dans le New York des années 1970, il apparaît que la non-discrimination a toujours été au centre de ses préoccupations. La belle scénographie de l’exposition dévoile les images les plus polémiques et nous fait découvrir deux facettes moins connues: des photos de célébrités (déjà exposés en 2022 à Milan) et son unique travail en noir et blanc, des portraits de rescapés italiens d’un massacre commis par les nazis en 1944. Comme pour rejouer les tensions qui ont parcouru son œuvre, ils sont exposés dans la même section que les portraits de condamnés à mort américains.