Star. Gena Rowlands ou les paradoxes de la féminité américaine

VEDETTE Gena Rowlands vient de nous quitter, laissant une trace indélébile dans le cinéma. Actrice emblématique, elle a su représenter les contradictions de la féminité américaine, oscillant entre le conformisme d’une Amérique aseptisée et la rébellion intérieure des femmes qu’elle a porté à l’écran. Son héritage reste celui d’une actrice qui a défié les conventions et redéfini la féminité au cinéma.
En 2020, Murielle Joudet, critique de cinéma, lui consacrait un livre : Gena Rowlands – On aurait dû dormir. Dans cet ouvrage, l’auteure explore la place à part qu’occupe Gena Rowlands dans le cinéma américain.
Dès les années 1950, l’actrice incarne les femmes au foyer parfaites dans les séries télévisées qui dépeignent la vie de la classe moyenne américaine, pétrie de conformisme, vivant dans des banlieues blanches immaculées. Elle est le fantasme d’un rêve américain tel qu’admiré par certains ou abhorré par d’autres.
Mais Gena Rowlands, c’est bien plus que cela. Elle est l’incomparable muse de John Cassavetes, son mari, donnant vie à des héroïnes complexes, déchirées, tourmentées et profondément humaines. Raconter Rowlands, c’est aussi évoquer Cassavetes, sa singularité, ses choix de cinéaste indépendant et sa « méthode » novatrice.
Avec des films comme Faces (1968), Une femme sous influence (1974), ou Gloria (1980), Rowlands montre une autre féminité, glamour mais pas trop, mêlant force et fragilité, séduction et mal-être. Dans Opening Night (1977), elle s’insurge contre la dictature hollywoodienne de l’âge, interrogeant la place des actrices d’âge mûr dans le milieu du cinéma.
Gena Rowlands a continué à tourner jusqu’en 2014, laissant sa marque jusqu’au bout, notamment dans un épisode de la série Monk, toujours égale à elle-même, vulnérable, fantasque, émouvante, inoubliable.