Classement mondial de la liberté de la presse 2021
Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de Reporters sans frontières (RSF), le Classement mondial de la liberté de la presse est un outil de plaidoyer essentiel fondé sur le principe de l’émulation entre Etats. Sa notoriété lui confère une influence croissante auprès des autorités publiques nationales. Trop de chefs d’Etat ou de gouvernement redoutent chaque année sa parution. Le Classement est une référence, citée par les médias du monde entier et utilisée par les diplomates et les organisations internationales telles que les Nations unies et la Banque mondiale.
QUE MESURE-T-ON ?
Le Classement est une liste de 180 pays et régions, établie selon le critère du degré de liberté dont jouissent les journalistes. Il est une photographie de la situation de la liberté de la presse, fondée sur une appréciation du pluralisme, de l’indépendance des médias, de la qualité du cadre légal et de la sécurité des journalistes dans ces pays et régions. Il n’est donc pas un palmarès des politiques publiques, même si les gouvernements ont naturellement une responsabilité importante. Il n’est pas non plus un indicateur de la qualité de la production journalistique dans un pays.
L’INDICE MONDIAL ET LES INDICES RÉGIONAUX
A l’occasion du Classement, RSF établit un indice mondial et des indices par continents, qui permettent d’évaluer la performance générale des pays et régions en matière de liberté de la presse. Il s’agit ainsi d’une référence dans l’absolu, qui s’ajoute au classement relatif. L’indice mondial résulte de la moyenne des indices régionaux. Les indices régionaux sont obtenus en faisant la moyenne des scores des pays et régions de la zone géographique considérée, pondérée grâce aux données de population de la Banque mondiale.
LA MÉTHODOLOGIE
Le degré de liberté dont jouissent les journalistes dans 180 pays et régions est déterminé grâce à l’accumulation de réponses d’experts à un questionnaire proposé par l’organisation. A cette analyse qualitative s’ajoute un relevé quantitatif des violences commises contre les journalistes sur la période prise en compte. Les thématiques sur lesquelles portent le questionnaire sont : le pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et la qualité des infrastructures soutenant la production de l’information.
LE QUESTIONNAIRE
Pour établir son Classement, RSF a développé un questionnaire en ligne comportant 87 questions, centré sur les thématiques citées ci-dessus. Traduit en 20 langues, y compris l’anglais, l’arabe, le chinois, le russe, l’indonésien et le coréen, il s’adresse à des professionnels des médias, des juristes, des sociologues qui le remplissent. Les réponses de ces experts sélectionnés par RSF, associées au relevé des violences commises à l’encontre des journalistes sur la période étudiée, permettent d’établir un score.
LE RELEVÉ DES EXACTIONS
Une équipe de spécialistes, répartie en bureaux géographiques, effectue une veille minutieuse des exactions commises contre les journalistes et les médias. Ces chercheurs s’appuient également sur un réseau de correspondants dans 130 pays. Ce relevé des exactions, qui mesure l’intensité des violences contre les acteurs de l’information sur la période prise en compte, permet d’établir l’indicateur Exactions. Cet indicateur quantitatif permet de pondérer l’analyse qualitative de la situation du pays telle que l’indiquent les répondants dans le questionnaire.
LA CARTE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
La carte de la liberté de la presse, diffusée en version papier comme sur les supports numériques, présente une synthèse visuelle des performances des pays et régions au Classement mondial. Les couleurs sont attribuées de la manière suivante : bonne situation (blanc), situation plutôt bonne (jaune), problèmes significatifs (orange), situation difficile (rouge) situation très grave (noir).
MSF
La Suisse perd deux places, mais reste parmi les bons élèves
Le bond qualitatif effectué par la Nouvelle Zélande et le Portugal en matière de protection des médias a contraint la Suisse à se retrouver à la 10e position du classement 2021 de Reporters sans frontières.
Le score réalisé par la Suisse dans le classement mondial de la liberté de la presse 2021 publié mardi par Reporters sans frontières reste stable. La Suisse perd néanmoins deux places et se trouve désormais en 10e position, derrière la Nouvelle Zélande et le Portugal, en raison de la légère progression de ces pays.
La Suisse continue donc à faire partie de la zone «blanche» du classement mondial, regroupant les pays où la liberté d’informer est la mieux protégée en comparaison internationale. Ce bon résultat pourrait toutefois être remis en question à l’avenir, estime Reporters sans frontières Suisse.
Selon l’organisation, le classement ne reflète pas la brusque et récente montée des agressions verbales et parfois physiques contre des journalistes et des médias en Suisse.
Montée de l’hostilité
La section suisse de RSF se dit extrêmement préoccupée par cette hostilité toujours plus marquée à l’égard des médias, à laquelle la Suisse n’échappe plus et qui s’est fortement accrue au cours de la crise sanitaire, spécialement ces dernières semaines.
Les agressions verbales, insultes, grossièretés, menaces et même violences physiques se multiplient contre des journalistes. Lors de manifestations organisées par les opposants aux mesures sanitaires, les représentants des médias ont été à ce point conspués qu’ils ont pu craindre pour leur intégrité physique.
Selon RSF Suisse, le mois dernier à Liestal (BL), l’un d’eux a reçu un coup de poing en plein visage. À Altorf (UR), c’est un jet de pierre qui a visé un journaliste. Dans un tout autre contexte, des déprédations ont été commises sur des véhicules du quotidien fribourgeois La Liberté à Bulle.
Disparition de titres
Partout dans le monde, RSF s’engage pour que les professionnels de l’information puissent travailler librement et en sécurité. «Nous déplorons que cette sécurité soit désormais menacée en Suisse aussi.
Les discours de haine tenus contre les médias offrent un terreau favorable à ces agressions. RSF Suisse attend de toutes et tous qu’ils respectent la mission des journalistes», déclare dans le communiqué Denis Masmejan, secrétaire général de RSF Suisse.
La pandémie a également accru la fragilité économique des médias et renforcé le mouvement de concentration et de disparition de titres, relève RSF Suisse, qui espère que le Parlement fédéral terminera rapidement l’examen du dossier de l’aide aux médias.
ATS