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Boris blog. Secrétaire général des Nations-Unies: un job pour vous?

ANTONIO GUTERRES. Secrétaire, et surtout général… d’une guerre contre la guerre… bref, «le plus dur de tous les métiers», comme disait un ancien titulaire du poste.

Depuis le Nouvel An, les Nations-Unies ont leur dixième secrétaire général: Antonio Guterres. Comment s’y est-il préparé, lui et les neuf autres? Tout d’abord, en étant Portugais, par exemple… en attendant un Suisse?

Le Secrétaire général des Nations-Unies est «le plus haut fonctionnaire de l’Organisation», et donc, une fois nommé, ne représente plus un pays, mais la «communauté internationale». Or, les empires majeurs – les permanents du «Conseil de sécurité» – ont toujours trouvé sage de laisser un «petit» arbitrer des «grands» (même l’Inde est devenue trop «grande»… une des causes de l’échec – il y a dix ans – de Shashi Tharoor face à Ban Ki-Moon). Sur les dix Secrétaires généraux qui se sont succédés, seul le premier – en automne 1945 – fut issu d’une puissance (alors) dominante: un Britannique provisoire au seuil de la première élection pour de bon (et donc souvent omis de la liste). Avant Guerre, la Société des Nations avait eu un patron venant du même Royaume, puis un de France – les deux nations «globales» d’alors – et enfin pendant la Guerre, un d’Irlande… neutralité oblige. Après, on a eu des Scandinaves, puis – hormis un Autrichien – que des «Sudistes»: un Birman, un Péruvien, un Egyptien, ensuite un homme du Ghana, enfin un de Corée (du Sud). Lors de la récente «campagne électorale», les concurrents de Guterres – une douzaine – étaient en majorité des Balkans, plus deux Latinos et une d’Océanie. Bref, pour les candidats, leur pays est leur premier atout… même si le monde onusien est peuplé de clones d’une humanité hors sol.

L’Au-Delà du Trente-Neuvième Ciel

La plupart des titulaires ont d’abord fait leurs «preuves» dans leur pays: Ban Ki-moon, comme Ministre des affaires étrangères (après un passage au sérail onusien, toutefois). Antonio Guterres, comme Premier ministre, ce qui lui a permis de devenir plus tard Haut commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés. Dans l’immédiat Après-Guerre, Trygve H. Lie avait derrière lui une carrière de Ministre, y compris en exil. Juste après lui, Dag Hammarskjöld (un brin «dandy») était le rejeton d’une grande famille de diplomates et de juristes suédois. Trois autres – le Birman U Thant, l’Autrichien Kurt Waldheim, le Péruvien Javier Pérez de Cuéllar – ont fait des carrières de diplomates, en symbiose avec les Nations-Unies (puis Waldheim finit Président de son pays, comme veut le faire Ban). Prédestiné aux gloires et chutes, Boutros Boutros-Ghali venait d’une vraie dynastie politique égyptienne; ce Sphynx défia les Etats-Unis et… le Palais des Nations, rempli de gens dont «la moitié ne travaille pas»: il ne fit qu’un mandat. Les douze de 2016 avaient en majorité un profil de diplomate, de technocrate… d’arriviste… sinon de parrain. Deux ou trois – dont Guterres – sortaient du lot, et même planaient bien au-delà des trente-neuf étages du Siège: à en juger par son lyrisme, Guterres se prendrait bien pour le Messie. Pour l’avenir lointain, le patron du Palais des Nations à Genève – Michael Moller – appelle de ses vœux des candidats venus des «affaires» (comme on en vit en des temps troublés à la Croix-Rouge): «Eux seuls sont capables d’amener des idées nouvelles», en un siècle où on parle de réforme du système onusien. Un pas de plus, on pourrait choisir un repris de justice, qui serait un parfait Thomas Becket… pourvu qu’il dure.

La diplomatie: une secte?

Que savent faire ces gens – avant ou après leur élection – hormis parler «onusien», frayer avec le «Tout-Palais» des Nations, et connaître par cœur les cent-soixante-neuf «cibles» du «développement durable»? Les voyages au front leur donnent certes du vécu, mais seul Guterres semble muni d’outils de survie d’autres mondes: il a enseigné l’électronique. Ce qui ne veut pas dire que le reste de la bande fut inculte, loin de là: Hammarskjöld écrivait des «haïkus» et traduisit Saint-John Perse. Mais les diplomates sont – pour l’essentiel – prisonniers du formalisme: passant d’un dossier sur la torture à un autre sur les télécom… sur le climat puis sur les minorités… ils y acquièrent parfois de l’érudition mais guère de réflexion: le milieu et sa «novlangue» ne s’y prêtent pas. La «minorité» paumée, c’est eux, pourrait-on ironiser… car ils ont moins conscience du monde «réel» autour d’eux qu’un Papou d’une île perdue. Du moins dans leur vie adulte, car la jeunesse d’un Ban Ki-moon, d’un Kofi Annan, voire d’un Kurt Waldheim, n’a pas été toute rose.

Un Palais de verre

On peut aussi se demander si le Secrétaire général est choisi pour ses forces ou ses défauts: On sait que le passé «nazi» de Kurt Waldheim a été vu comme un moyen de le tenir. Ce métier si difficile – et moins bien payé qu’un «Classe 30» à Berne – offre-t-il encore un avenir? Si les Nations-Unies devaient finir comme son aînée Société des Nations, le Secrétaire général n’aura-t-il pas le sentiment – au moment d’écrire ses mémoires – d’avoir juste joué dans une pièce en vers?

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