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Movies. Dreamers (Innocents) de Bertolucci. 68 année érotique

PRINTEMPS 1968. Venu faire ses études à Paris, Matthew, un jeune Américain timide, est un habitué de la Cinémathèque. Arrive le jour de l’éviction de Langlois, qui met le palais de Chaillot en ébullition. Pendant que Léaud et consorts s’égosillent, Matthew fait la connaissance d’Isabelle et Théo, deux faux jumeaux, dont la passion cinéphile et la liberté de ton le charment immédiatement.

Très vite, ses deux nouveaux amis lui proposent d’emménager chez eux. Au moment d’aller se coucher, Matthew entrouvre une porte et aperçoit Théo et Isabelle, endormis, nus et enlacés…

68, année érotique

Leur révolution, les trois héros d’ Innocents l’accomplissent dans la moiteur d’un grand appartement parisien ravagé, déserté par le départ des parents en vacances. Le travelling joyeux qui nous emmène à la Cinémathèque donne d’emblée le ton. Bernardo Bertolucci a trouvé dans le livre de Gilbert Adair, qui signe le scénario, l’écho de son propre Mai-68, qu’il aborde ici de manière intimiste et cinéphile. Par le truchement de ses trois jeunes et beaux interprètes, le cinéaste farfouille avec délectation dans sa bibliothèque intérieure. Matthew, Théo et Isabelle s’aiment et se saoulent au rythme de Janis Joplin et des Doors et rejouent les scènes de leurs films cultes (Blonde Vénus, La reine Christine, Bande à part…), dont les extraits émaillent le film. Par la fenêtre parvient la rumeur des émeutes. De débats passionnés en interminables bains à trois, Théo, Isabelle et Matthew explorent leurs corps, leurs limites et leurs idéaux, sous l’oeil indulgent des icônes de l’époque. Roman d’initiation débauché, Innocents ne juge ni n’idéalise son trio, marinant dans un entre-deux charmeur, celui d’enfants gâtés et perdus, à la fois confinés et épris d’absolu, sur le point de faire le grand saut dans l’âge adulte.