NewTech. Eraole, le biplan solaire hybride qui veut traverser l’Atlantique
PROJET. Le navigateur Raphaël Dinelli veut rééditer en 2016 l’exploit de Charles Lindbergh à bord de son avion propulsé par un moteur électrique alimenté par l’énergie solaire et un biocarburant… aux algues.
Pour le monde entier, l’avion solaire, c’est Solar Impulse du Suisse Bertrand Piccard. L’aéronef aux ailes immenses couvertes de cellules photoélectriques vient d’interrompre sa course autour du monde pour cause de mauvais temps, mais il continue d’éclipser toutes les autres initiatives du même type. Comme celle d’Eraole, avion électrique à la propulsion hybride 100 % écologique mis au point par la Fondation Océan Vital fondée par Raphaël Dinelli, ce navigateur surtout connu pour ses fortunes de mer (deux naufrages en 1996 et 2000). Le marin des Sables d’Olonne est aussi un ingénieur très sensible à la protection de l’environnement, qui a construit une maison bioclimatique basse consommation et a terminé 10e du Vendée Globe sur Océan Vital, un voilier de compétition écologique (éolienne, panneaux solaires).
Du bateau propre à l’avion électrique, il n’y avait qu’un pas, franchi en 2009 avec le projet Eraole, un biplan décalé (avec deux paires d’ailes) à propulsion hybride solaire et bioénergie (25 % de solaire environ), à bord duquel le navigateur compte bien rééditer l’exploit de Charles Lindbergh, un vol transatlantique qui sera le premier du genre, puisqu’il émettra zéro gaz à effet de serre.
NEW YORK-PARIS EN 50 HEURES
D’abord programmé pour ce mois de juin, l’envol d’Eraole aura finalement lieu en juin 2016. « Un premier essai devrait avoir lieu en novembre, et si tout se passe bien, le projet est de faire traverser l’Atlantique à Eraole en 50 heures de New York à Paris avec atterrissage au Bourget », explique Bernard Istin, directeur adjoint de la Fondation Océan Vital.
L’énergie solaire est assurée par les 43 m2 de cellules photovoltaïques (PV) associées à des batteries lithium ion. Et la bioénergie sera produite par un Range Extender (prolongateur d’autonomie) utilisant un biocarburant élaboré à base de micro-algues qui entraînera une génératrice produisant de l’électricité au bilan carbone négatif.
«C’est une technique complètement nouvelle et développée uniquement par notre laboratoire», précise Bernard Istin. Mais l’innovation principale qui rend Eraole capable de voler sans émettre de CO2, c’est le procédé breveté d’encapsulation dans des matériaux composites de cellules photovoltaïques à très haut rendement. Ces cellules forment une toile qui vient recouvrir les ailes de l’avion, lui-même construit en matériaux composites (fibres de carbone) pour réduire la masse. Grâce à son design, Eraole pourra effectuer quelques heures de vol plané pour économiser l’énergie.
Pour Bernard Istin, des avions régionaux à propulsion électrique d’une autonomie de mille kilomètres environ d’une capacité de 50 à 70 personnes sont envisageables «d’ici une vingtaine d’années». En attendant, ce prototype d’avion propre a été validé par l’Onera, le centre français de recherches aérospatiales, et l’Andheo, un bureau d’ingénierie en dynamique des fluides.
C’est bien sûr Raphaël Dinelli qui sera aux commandes de cet avion 100% propre. Et comme le marin a eu sa part de déboires sur les flots, il a prévu de s’équiper dans les airs d’un masque à oxygène, d’un parachute, et d’un canot de survie en cas d’amerrissage d’urgence.
ERAOLE EN CHIFFRES
Envergure : 14 m
Surface alaire : 30,8 m2
Longueur : 7,5 m
Hauteur : 1,5 m
Vitesse : 65 km/h (éco) à 140 km/h (croisière)
Énergie : pack de 2 x 12 batteries lithium ion plus bioalgal (micro-algues) et 1728 cellules photovoltaïques encapsulées d’une puissance de 5546,88 Wc (Watt-crête, unité permettant de mesurer la puissance électrique maximale)