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OMS. Tabagisme: mettre fin à une mauvaise inclination

MARS 2015. À une époque, pas si lointaine, fumer était à la mode. À la télévision, sur les panneaux d’affichage et dans les magazines, on voyait sans arrêt des publicités à la gloire du tabac.

L’industrie du tabac profitait des concerts et des manifestations sportives pour distribuer gratuitement des produits et des articles promotionnels portant le logo des marques.

Et, du père de famille au médecin, tout le monde fumait partout: dans les voitures, dans les ascenseurs, dans les restaurants, dans les maisons et même dans les hôpitaux.

C’était les années 1980. C’est à cette époque que j’ai commencé à traiter des patients atteints de cancer du poumon dans un hôpital brésilien et que j’ai pu constater les effets du tabagisme. Pendant les six années que j’ai passées dans cet hôpital, j’ai vu de nombreux patients mourir, souvent dans les deux ans suivant le diagnostic.

Ma mère est également morte du cancer. Quelques années plus tard, la même maladie a emporté mon père. Tous deux avaient été exposés à la fumée. Mon père était fumeur et ma mère avait passé des années à respirer sa fumée secondaire.

Je me suis donc aperçue qu’il fallait prévenir le cancer en ciblant précisément le facteur de risque principal: le tabac.

Besoin de prévention

La Journée mondiale contre le cancer est l’occasion de se souvenir que le tabac est la première cause de cancer dans le monde et la principale cause de décès évitables. Chaque année, 8,2 millions de personnes meurent du cancer; au moins 1,6 million ou 20% de ces décès sont liés au tabac. Au total, plus de 6 millions de personnes mourront cette année de maladies liées au tabac, notamment de maladies cardiovasculaires, de maladies respiratoires chroniques et de cancer.

Dix ans de lutte antitabac

Ce mois-ci, nous allons célébrer le 10e anniversaire de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, premier traité intergouvernemental conçu pour révolutionner la lutte contre le tabac dans le monde. Entrée en vigueur en février 2005, la Convention-cadre de l’OMS fixe un ensemble de normes universelles exposant les dangers du tabac et limitant son utilisation sous toutes ses formes dans le monde entier.

En 10 ans, la Convention-cadre de l’OMS est devenue l’un des traités les plus adoptés dans l’histoire des Nations Unies. Ses 180 Parties couvrent 90% de la population mondiale.

À l’heure actuelle, 80% des pays qui ont ratifié la Convention ont adopté une nouvelle réglementation de lutte antitabac ou ont renforcé la législation existante. Le prix moyen d’un paquet de cigarettes a augmenté de presque 150% dans les cinq dernières années et de nombreux pays exigent que des mises en garde explicites couvrent au moins 75 à 85% des paquets de cigarettes.

Des interdictions totales de fumer concernant à la fois les lieux de travail intérieurs, les lieux publics et les transports publics sans aucune exception ont été mises en œuvre dans 48 États Parties, ce qui représente une multiplication par presque dix depuis 2005. Les espaces extérieurs comme les plages et les jardins publics ont commencé à devenir non-fumeurs. En outre, de nombreux pays se sont fixé des objectifs exigeants: devenir non-fumeurs ou réduire à moins de 5% la part de la population consommant du tabac.

Une société sans tabac

Le monde a bien changé depuis l’époque où je travaillais à l’hôpital spécialisé en cancérologie dans les années 1980.

Le tabagisme n’est plus un comportement acceptable socialement et la consommation de tabac est interdite dans de nombreux endroits. L’information de santé publique sur les dangers du tabac est largement disponible. En outre, tous les pays se dressent ensemble contre l’avancée de l’industrie du tabac afin de protéger la santé de leurs populations.

Le 10e anniversaire de la Convention-cadre de l’OMS montre la façon dont des initiatives nationales et internationales coordonnées et multisectorielles dans le domaine de la lutte antitabac peuvent « dénormaliser » un facteur de risque et faire avancer le programme d’action sanitaire. Cela montre que la santé peut effectivement convaincre d’autres secteurs de prendre des mesures par l’intermédiaire de taxes, de mises en garde explicites, de règlements et d’interdictions de commercialisation pour sauver des vies.

Mais la guerre contre le tabac n’est pas encore terminée. Nous prévoyons encore d’ici 2030 8 millions de décès chaque année de personnes ayant consommé du tabac ou ayant été confrontées à la fumée secondaire. L’utilisation de produits de substitution comme les pipes à eau, le tabac sans fumée et les inhalateurs électroniques de nicotine séduit de plus en plus et il faudra y faire face avec des mesures de lutte antitabac. Le marché illicite des produits du tabac représente encore une cigarette sur dix consommées dans le monde.

Pour freiner ce phénomène, nous devons nous dresser ensemble contre l’industrie du tabac. Les cigarettiers dépensent toujours des dizaines de milliards de dollars chaque année en publicité, en promotion et en parrainage des produits du tabac. Ils contestent en permanence les mesures règlementaires prises par les gouvernements pour empêcher nos enfants et nos petits-enfants de développer une addiction à leurs produits.

Les décès dus à des cancers liés au tabac sont évitables. Le nombre de décès prématurés dus au tabac peut être réduit. À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, nous devons réitérer notre engagement à réduire encore la consommation de tabac afin que puisse se concrétiser l’idéal d’un monde sans tabac.

 

 

 

Dr Vera Luiza da Costa e Silva, Chef du Secrétariat de la Convention-cadre pour la lutte antitabac

 

 


Principaux faits

·         Le tabac tue la moitié de ceux qui en consomment.

·         L’épidémie de tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année. Plus de 5 millions d’entre elles sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs, et plus de 600 000, des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée.

·         Si aucune mesure n’est prise d’urgence, le nombre annuel de ces décès pourrait atteindre plus de 8 millions d’ici à 2030.

·         Plus de 80% du milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.

 

Le tabac est l’une des principales causes de décès, de maladie et d’appauvrissement

La consommation de tabac est l’une des plus graves menaces qui ayant jamais pesé sur la santé publique mondiale. Elle tue près de 6 millions de personnes chaque année. Plus de 5 millions d’entre elles sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs, et plus de 600 000 des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée. Une personne environ meurt toutes les six secondes du fait de ce fléau, ce qui représente un décès d’adulte sur 10. La moitié des consommateurs actuels mourront d’une maladie liée au tabac.

Près de 80% du milliard de fumeurs que compte la planète vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, là où la charge de morbidité et de mortalité liée au tabac est la plus lourde.

Les consommateurs de tabac qui décèdent prématurément privent leur famille de revenus, font augmenter les dépenses de santé et freinent le développement économique.

Dans certains pays, les enfants de ménages pauvres travaillent souvent dans la culture du tabac pour apporter un revenu à leur famille. Ces enfants sont particulièrement exposés à la «maladie du tabac vert», provoquée par l’absorption cutanée de nicotine lors de la manipulation de feuilles de tabac humides.

Le tabac tue à petit feu

Comme les conséquences de la consommation de tabac sur la santé n’apparaissent qu’au bout de plusieurs années, c’est aujourd’hui seulement que l’on assiste à l’explosion des maladies et décès dus au tabac.

Le tabac a provoqué 100 millions de décès au XXe siècle et il en entraînera jusqu’à un milliard au XXIe siècle si la tendance actuelle se poursuit.

Si rien n’est fait, on déplorera chaque année, d’ici 2030, plus de 8 millions de décès dus au tabac, dont plus de 80% surviendront dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.

La surveillance est essentielle

Une surveillance de qualité permet de connaître l’ampleur et la nature de la consommation de tabac et de savoir comment adapter au mieux les politiques. Seul un pays sur quatre, représentant à peine plus d’un tiers de la population mondiale, surveille la consommation de tabac chez les jeunes et les adultes en conduisant des enquêtes représentatives au niveau national au moins tous les cinq ans.

Le tabagisme passif tue

On désigne par l’expression «tabagisme passif» l’exposition à la fumée dégagée par des produits du tabac tels que les cigarettes, les bidis ou le narguilé, dans des lieux clos comme un restaurant ou un bureau. La fumée du tabac contient plus de 4000 substances chimiques, dont on sait qu’au moins 250 sont nocives et plus de 50 sont cancérigènes.

Il n’y a pas de seuil au-dessous duquel le tabagisme passif est sans danger.

·         Chez l’adulte, le tabagisme passif entraîne de graves maladies cardiovasculaires et respiratoires, dont des cardiopathies coronariennes et le cancer du poumon. Il est également une cause de mort subite du nourrisson et d’insuffisance pondérale à la naissance

·         Presque la moitié des enfants respirent régulièrement, dans les lieux publics, un air pollué par la fumée de tabac.

·         Plus de 40% des enfants ont au moins l’un de leurs deux parents qui fume.

·         Le tabagisme passif provoque plus de 600 000 décès prématurés chaque année.

·         En 2004, les enfants représentaient 28% des décès imputables au tabagisme passif.

Chacun doit pouvoir respirer de l’air sans fumée. Les lois relatives aux espaces sans fumée protègent la santé des non-fumeurs, ont une image positive, n’ont pas d’effets néfastes sur l’économie et incitent les fumeurs à se sevrer.

Plus d’un milliard de personnes, soit 16% de la population mondiale, sont protégées par des lois nationales complètes sur l’interdiction de la fumée du tabac.

Les consommateurs de tabac ont besoin d’aide pour le sevrage

Les études montrent que peu de gens connaissent les risques spécifiques pour la santé de la consommation de tabac. Ainsi, une enquête réalisée en Chine en 2009 a montré que, dans ce pays, respectivement 38% et 27% seulement des fumeurs savent que le tabac provoque des cardiopathies coronariennes et des accidents vasculaires cérébraux.

La plupart des fumeurs qui connaissent les dangers du tabac souhaitent s’arrêter de fumer. Les conseils et la prise de médicaments peuvent plus que doubler les chances de succès d’un fumeur qui essaie d’arrêter.

Des services complets d’aide au sevrage, dont le coût est intégralement ou partiellement pris en charge, ne sont disponibles pour aider les fumeurs à cesser de fumer que dans 21 pays, représentant 15% de la population mondiale. Il n’existe aucune aide au sevrage dans un quart des pays à revenu faible.

Les mises en garde illustrées sont efficaces

Les campanes choc contre le tabac et les mises en garde illustrées apposées sur les paquets – notamment celles qui comportent des photos – permettent de réduire le nombre d’enfants qui commencent à fumer et d’augmenter le nombre de fumeurs qui décident d’arrêter.

Les mises en garde explicites peuvent persuader les fumeurs de protéger la santé des non-fumeurs en réduisant leur consommation à l’intérieur des habitations et en évitant de fumer près des enfants. Les études menées après la mise en place de mises en garde illustrés sur les paquets de tabac au Brésil, au Canada, à Singapour et en Thaïlande montrent toutes que ces mises en garde sensibilisent fortement la population aux méfaits du tabac.

Seuls 30 pays, abritant 14% de la population mondiale, respectent les meilleures pratiques sur les mises en garde illustrées, qui prévoient notamment que celles-ci soient rédigées dans la langue locale et couvrent, en moyenne, au moins la moitié des faces avant et arrière des paquets. La plupart de ces pays sont des pays à revenu faible ou intermédiaire.

Les campagnes médiatiques peuvent également réduire la consommation de tabac en incitant les gens à protéger les non-fumeurs et en persuadant les jeunes de se sevrer.

Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les 37 pays qui ont lancé au moins une grande campagne médiatique contre le tabac au cours des deux dernières années.

L’interdiction de la publicité fait baisser la consommation

L’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage permet de faire baisser la consommation.

·         L’interdiction totale de toutes les formes de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage, permet de réduire la consommation de tabac de 7% en moyenne, certains pays enregistrant même des baisses allant jusqu’à 16%.

·         Seuls 24 pays, abritant 10% de la population mondiale, prévoient une interdiction totale, au niveau national, de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage.

·         Environ un pays sur trois limite peu, voire pas du tout, la publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage.

Les taxes dissuadent les gens de consommer du tabac

Les taxes sur le tabac sont le moyen le plus efficace de réduire la consommation, notamment chez les jeunes et les pauvres. Une augmentation des taxes qui accroît le prix du tabac de 10% fait reculer la consommation d’environ 4% dans les pays à revenu élevé, cette baisse pouvant atteindre 5% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Pourtant, une taxation élevée du tabac est une mesure rarement utilisée. Seuls 32 pays, abritant moins de 8% de la population mondiale, taxent le tabac à plus de 75% du prix de vente au détail. Selon les données disponibles, les recettes fiscales sur les ventes du tabac sont en moyenne 175 fois plus élevées que les sommes dépensées pour la lutte antitabac.

Action de l’OMS

L’OMS est engagée dans la lutte contre l’épidémie mondiale de tabagisme. La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac est entrée en vigueur en février 2005. Depuis lors, elle est devenue l’un des traités les plus largement acceptés de l’histoire des Nations Unies, avec 176 Parties représentant 88% de la population mondiale.

La Convention-cadre est le principal instrument de l’OMS pour la lutte antitabac et elle marque une étape importante dans la promotion de la santé publique. Il s’agit d’un traité fondé sur des bases factuelles qui réaffirme le droit de tout être humain à bénéficier du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre, qui fournit un cadre juridique pour la coopération sanitaire internationale et fixe des normes exigeantes en matière d’application.

En 2008, l’OMS a lancé une démarche d’un bon rapport coût/efficacité pour accélérer l’application des dispositions de la Convention-cadre de l’OMS. Intitulée MPOWER, celle-ci se décline en une série de «bonnes pratiques» et de «meilleures pratiques » destinées à réduire la consommation de tabac. Chacune d’elles correspond à au moins une disposition de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.

Les six mesures MPOWER sont les suivantes:

·         Surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention

·         Protéger la population contre la fumée du tabac

·         Offrir une aide à ceux qui veulent renoncer au tabac

·         Mettre en garde contre les dangers du tabagisme

·         Faire respecter l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage

·         Augmenter les taxes sur le tabac

Pour plus d’informations sur les progrès accomplis dans la lutte antitabac aux niveaux mondial, régional et national, voir les rapports publiés par l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme.

 

 

 

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