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NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
La naissance d’une photo en 2014.

Quand je suis arrivé pour la première fois en Grèce au mois de mai 2002 à Athènes j’ai cru atterrir aux USA. L’environnement, le paysage à la sortie du nouvel aéroport à Spata, construit en prévision des Jeux Olympique de 2004, est semblable à ce que l’on peut ressentir lorsque que l’on débarque à San Antonio, Texas. La chaleur vous envahi brutalement et l’autoroute à quatre voies qui vous emmène en ville ne dévoile en rien des mystères de cette énigmatique ville.

Plus on se rapproche du centre historique de la place Syntagma  par la cicatrice de l’avenue Mesogeion, plus l’on perçoit petit à petit le goût et la couleur de la ville, mélange de modernisme, d’énergie et de traditions religieuses séculaires. Cinq millions d’habitants se sont regroupés ici alors que le pays en compte seulement onze. Comparée aux autres capitales européennes, Athènes est très étendue et particulièrement riche en églises: presque chaque quartier possède sa propre église, voire même deux ou trois.

Sigrou Fix est un quartier vivant et commerçant pas très loin du site historique de l’Acropole qui fut tour à tour temple et mosquée. Le petit appartement de mon amie à deux pas de la station du métro et du tram, au carrefour de l’avenue Andrea Sigrou, qui descent jusqu’à Alimos et la mer, au coin de la rue Amvrosiou Franzi est situé sur le toit plat d’un immeuble récent et fait face au chantier du nouveau musée d’art moderne en construction. Ce magnifique bâtiment qui fut, depuis 1864 la brasserie emblématique des bières lager premium  Fix, est aujourd’hui achevé mais des bisbilles de personnes et le manque d’argent comme souvent en Grèce, retarde son ouverture.

Dans cette ville qui ne dort jamais je me réveille souvent à cause du bruit et de la chaleur. Motos, automobiles, fêtards, taxis, pompiers et ambulances toutes sirènes hurlantes descendent et remontent continuellement l’avenue.

Mai 2014. Une heure du matin. Mon amie dort paisiblement. Je me lève et fais quelques pas sur la terrasse. Le ciel est étoilé. La vue sur les collines de l’Acropole et du Lycabeth illuminées est somptueuse. Dans la chaleur humide de la nuit venant de la mer, je musarde un peu envahit par les bruits de la rue. Je me penche sur la balustrade, regarde les files du trafic lumineux, incessant mouvement des phares.

En relevant les yeux, en contrebas sur ma gauche j’aperçois ces deux fenêtres allumées dans l’immeuble qui me fait face. C’est probablement un immeuble de bureaux. Je me dis qu’à première vue quelqu’un a oublié d’éteindre la lumière le soir précédent. Le local est vide, non meublé, semble en travaux. Les néons blafards donnent cette lumière rose et crue qui troue la façade obscure.

Soudaint un homme en salopette grise apparaît. C’est un ouvrier. Il a environ 50 ans. Je comprends alors que j’ai une photo. Très vite je me saisis de ma caméra. L’homme s’est déjà agenouillé et semble étendre du plâtre ou un enduit, attentif à son travail. J’imagine qu’il travaille probablement au noir, pour peu d’argent et en plus de son travail journalier.  Dans les cafés de la rue Ermou, à Ghazi ou au Romantso les jeunes fêtent. Ils sont beaux et créatifs et se débrouillent comme ils peuvent. La solidarité familiale existe ici.

Très vite je fais quatre vues puis l’homme à nouveau a disparu dans l’encadrement de la porte. Je savais que j’avais ma photo. On sait presque toujours quand on est bon.

PierB_photography

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