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NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
Photography. Incontournable, les rencontres photographiques d’Arles.

Clic Clac. Avec des photographes en provenance d’une cinquan­taine de pays, un budget de plus de 6 millions et une équipe de près de 350 personnes au moment fort du festival, Arles reste la référence.

2014 fut une année de transition pour le festival de pho­tographie le plus renommé d’Europe. Sam Stourdzé, actuel directeur du Musée de l’Elysée à Lausanne, suc­cédera à François Hébel en 2015. Ce dernier, qui a lon­guement dirigé le festival, a démissionné. Il n’adhère pas à la vision de Maja Hoffmann, mécène d’origine bâloise à la tête de la Fondation Luna. Fondation qui développe un projet de site culturel d’envergure sur un site jusque- là dédié aux Rencontres photographiques. La program­mation de ce lieu, encore très abstraite actuellement, sera pensée dans ses contenus par des spécialistes de l’art contemporain. C’est l’architecte Frank Gehry, auteur du Musée Gugghenheim à Bilbao, qui a été choisi pour imaginer l’édifice en question, qui sera achevé en 2018. Comme à Bilbao, la prestigieuse construction sera ana- morphosée et miroitera les reflets du soleil. Même si la formule «architecte-star + bâtiment-sculpture» est efficace pour attirer les visiteurs, une question majeure se pose, à savoir: les moyens ne devraient-ils pas plutôt être mis sur les contenus culturels et sur leurs conditions d’émergence plutôt que sur l’écrin qui les contient?

L’édition 2014 intitulée «Songs from the Heart» offre une relec­ture du romantisme au XXIe siècle. Quelles formes ce terme, né il y a plus de deux cents ans, a-t-il prises au­jourd’hui?

Debby Huysmans (Belgique, 1980) avec «Late Spring» montre des lieux oubliés qu’elle a repérés lors d’une rési­dence à Hyrynsalmi, en Finlande du Nord. Wiesje Peels (Hollande, 1975), dans un livre intitulé «Mimus», ras­semble des images prises lorsqu’elle était enfant dans le cirque de son père. Les clichés restituent une succession de moments poétiques et mélancoliques qui contrarient l’idée festive que l’on se fait du cirque. Andrew Bush (Etats-Unis, 1956), dans sa série «66 Drives» (2008), pré­sente des automobilistes photographiés à leur insu par un appareil photographique fixé au siège passager de l’artiste. Un sentiment d’isolement, voire de tristesse, se dégage de ces personnages cadrés par la structure aux couleurs acidulées de leurs véhicules. Les paysages ont la part belle, avec notamment les photographies de cerisiers japonais de Keiichi Ito (Japon, 1950) ou les paysage de mer d’Asako Narahashi (Japon, 1959).

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Andrew Bush, 66 drives 2008

La Suissesse Delphine Schacher (1981), exposée à Arles et gagnante du second prix SFR Jeune Talent, figure aussi dans la sélection. La série «Petite robe de fête» qu’elle présente montre des portraits de jeunes filles pris dans un village de Transylvanie. Elle a saisi avec grâce le moment de basculement de l’état d’enfance à celui de l’adolescence.

Pour clore son cycle de programmation François Hébel a choisi de présenter les grands noms qui ont contribué à la notoriété du festival comme Raymond Depardon Martin Parr ou Christian Lacroix. Le point fort de l’édition 2014 réside dans l’exposition «Typologie, taxinomie et classement sériel», une sélection de photographies is­sues de The Walther Collection. Pour Arles, il a choisi des séries qu’il a confrontées entre elles, de sorte à établir des dialogues subtils. Par exemple, soixante visages issus de «Visages d’une époque» d’August Sander – chef de file de la Nouvelle Objectivité – précède «The Family», une série de 69 personnalités politiques américaines photo­graphiées en 1976 par Richard Avedon. Placés en vis-à- vis de ces hommes de pouvoir, 42 portraits extraits de la série «Occupy the art world» d’Accra Shepp montrent des manifestants dénonçant les inégalités sociales près de Wall Street en 2011. Arthur Walther a également sélectionné des œuvres sérielles d’artistes africains comme Samuel Fosco ou Nontsikelelo Veleko. Cette dernière se nourrit des contre-cultures urbaines et capture sur le vif les mul­tiples langages visuels qui redéfinissent en permanence l’identité de l’Afrique du Sud. Autre point fort du festival: les expositions des candidats au Prix de la découverte qui récompense un photographe ou un artiste utilisant la pho­tographie et dont le travail a été récemment découvert ou mérite de l’être. Cette année, c’est Kechun Zhang qui a remporté le prix et 25 000 euros pour sa série «The Yellow River Surging. Northward Thunderously».

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