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NOYAUZERONETWORK.ORG / GENEVA, SWITZ.
Media. La presse est morte, vive la presse ! Happy New Year ?

TROMPETTE. « Mar-a-Lago Beach Resort and Club » Palm Beach, Florida, 19 décembre 2016. Sur invitation du maître des lieux et propriétaire, le futur président des Etats-Unis, Donald Trump, convie une sélection de journalistes à une causerie privée de 30 minutes « off the records ».

Au menu: pomme chips et champagne « Trump ». Parmi les invités sont les représentants du New York Times, CNN, NBC News, Reuters, MSNBC, Bloomberg, Fox News et d’autres. Quelques photos autorisées sur « facebook » sont témoins du « happening ».

La presse américaine « in corpore », ou presque, s’est précipitée pour présenter ses hommages à Louis XIV, après avoir été copieusement arrosée d’insultes et de mépris tout le long de la campagne présidentielle par le futur président. Pommes chips et champagne en guise de remerciements pour la publicité gratuite d’une valeur inestimable offerte gracieusement par la confrérie, au détriment, par exemple, du candidat démocrate, Bernie Sanders., quasi absent des médias « mainstream ». 

On se souvient d’une fameuse retransmission télévisée d’un meeting du candidat DT du 19 mars dernier, pendant laquelle un podium vide apparaissait sur tous les écrans CNN, MSNBC, Fox News durant près de 45 minutes, en attendant l’orateur et ses frasques, qui a finalement tout annulé, pendant que, à l’autre bout du pays, le sénateur Sanders tenait un meeting à Phoenix, Arizona devant 11’000 sympathisants. La couverture médiatique du candidat républicain était 23 fois supérieure à celle du progressiste Sanders (Democracy Now).

Aucun président, aussi malmené qu’il ait pu être par les médias, n’avait osé mettre en cause le premier amendement de la constitution américaine qui garanti, entre autre, la liberté de la presse, sauf Donald Trump, qui estime qu’« il y a trop de protection pour la liberté de la presse » et que « notre presse peut trop dire ce qu’elle veut ». Le futur président préfère communiquer via « Twitter ». D’ailleurs, sa dernière conférence de presse date du 27 juillet dernier.

Mais, il y a peut-être un dénominateur commun qui justifie la « démonstration d’unité » du 19 décembre dernier. Le pouvoir et l’argent ! 

Au mois de février de cette année, lors d’une conférence, organisée par la banque d’investissement Morgan Stanley, le patron de la chaîne de télévision CBS, Leslie Moonves, se félicitait de la nomination de Donald Trump en tant que candidat du Parti Républicain. « C’est peut-être une catastrophe pour les Etats-Unis, mais pour CBS « it’s damn good ». 

A l’instar des médias européens, la presse américaine, en perte de vitesse, a subi, les dernières décennies, une concentration sans précédent. Actuellement, quelques conglomérats et milliardaires puissants, dont les intérêts conjuguent parfaitement avec le programme du futur président, continuent à oeuvrer à la consolidation du statu quo, l’un ordre économique néolibéral.

Certes, il y a des voix discordantes, telles que celle du propriétaire du « Washington Post », un fleuron de la presse écrite américaine, le milliardaire Jeff Bezos, également propriétaire et fondateur du marchand en ligne « Amazon ». Celui-ci s’est ostensiblement opposé au futur président en défendant la liberté de la presse. Selon ses dires, sa participation à la ligne rédactrice de son journal se limiterait à quelques rares réunions de nature administratives. On peut en douter cependant.

Il suffisait de suivre attentivement la couverture de la presse américaine, et, notamment du « Washington Post », de la campagne présidentielle 2016. L’agence de presse indépendante « Alternet.org », a analysé une série de 16 articles particulièrement négatifs à l’encontre du candidat Bernie Sanders, publiés sur le site internet du journal en l’espace de 16 heures seulement, un record, le 6 mars 2016, juste pendant un débat crucial du parti démocrate à Flint, Michigan, entre les candidats Clinton et Sanders. 

Jeff Bezos n’aime pas le sénateur Sanders. Celui-ci s’est montré très critique, à plusieurs reprises, envers l’agence de renseignements CIA, voulant réduire son influence, et du coup son budget, or la société Amazon bénéficie de contrats de la CIA, d’une valeur de 600 mio USD. En outre, la firme de Seattle avait obtenu, en son temps, un contrat de 16,5 mio USD du « Département d’Etat » de l’administration de Bill Clinton (alternet.org).

Le 10.11.2015, le site « fair.org » (National Media Watch Group) avait publié un article sur un autre possible conflit d’intérêt entre le propriétaire du « Post » et son journal. Le journaliste y fait état d’une série d’articles au sujet du site de partage « UBER ». 

En effet, en 2011 Jeff Bezos, avec « Menlo Ventures » et la banque d’affaires « Goldman Sachs », avait investi la somme de 32 mio USD dans la jeune « start up », un investissement dont la valeur actuelle s’élève à environ USD 1,5 mia. Certes, la somme paraît relativement modeste en comparaison avec sa fortune personnelle de 44,5 mia USD, mais le sujet « UBER » dépasse la simple (possible) « pub pour un produit ». 

Il s’agit davantage d’une question idéologique, celle d’une nouvelle économie, dérégulée, celle du « partage » et, notamment, des « mini-jobs », prônée, par exemple, par la réforme de l’assurance chômage « Hartz IV » de l’ancien chancelier allemand, Gerhard Schröder, mise en place entre 2003 et 2005. 

Le journaliste de l’article met en avant le fait qu’UBER dépense 10 mio USD par mois en frais de justice, poursuivant ainsi un objectif à peine dissimulé, celui d’inciter les législateurs des pays, dans lesquels la firme de San Francisco déploie son activité, à déréguler le marché du travail. 

Contrairement aux travailleurs, les journalistes sont doublement tributaires d’un système économique qu’ils ne peuvent critiquer ouvertement. D’un côté par leur statut d’employés et de l’autre côté par leur devoir déontologique. Certes, à l’ère d’internet, une censure « stalinienne » de la part des pontes des médias serait vouée à l’échec. Certes des voix « discordantes » se font entendre ici et là. Cela fait partie du devoir d’équité. Non, il s’agit plutôt d’une censure auto-infligée qui se manifeste par une « neutralité » paralysante. 

La solution ? Une nouvelle presse, une presse indépendante. Le financement ? Les contributions des lecteurs à la place de la publicité. Actuellement, tous les grands titres sont sur internet, croyant que la solution à la désaffection des lecteurs soit le mode de diffusion, papier vs internet (I-Pad, I-Phone etc). Ce n’est pas le sujet. Ce qui intéresse le lecteur, c’est du contenu inédit. Le site internet « Mediapart » se porte à merveille, au niveau de ses lecteurs autant qu’au niveau financier, grâce à ses lecteurs.

Ce qui est vrai pour la presse l’est aussi pour la politique. Un exemple, inédit, passé sous le radar des médias lambda, la « stratégie numérique » du candidat à la présidentielle française Jean-Luc Mélenchon. (Le Point 20.12.2016) 

Selon « Le Point », depuis la fin de l’été 2016 le candidat indépendant publie régulièrement des vidéos sur la chaîne youtube « dénotant des médias traditionnels pour mieux s’approprier le code des « youtubeurs » rois. Selon un rapport « Globalweb », 82% des jeunes entre 16 et 24 ans consultent « youtube » chaque mois et l’homme de gauche compte déjà 134’000 abonnés. » En outre, ses vidéos sont vus entre 100’000 fois pour les plus récentes jusqu’à 300’000 fois pour les plus anciennes. 

« Mais la réelle innovation de la démarche est dans l’instauration de rendez-vous réguliers sous le titre « pas vu à la télé » pendant lesquels il revisite l’actualité en sélectionnant des sujets non-traités par les plateaux e télévision et le médias. »

Une idée pour le « Parti Socialiste Suisse » qui s’est arrogé tout récemment, sous l’impulsion de son président Christian Levrat, un programme résolument de gauche sous le titre prometteur « démocratie économique » et combattu mollement par les éternels nostalgiques social-libéraux dont les conseillers aux Etats Daniel Jositsch et Pascale Bruderer

S’il y a une conclusion que l’on peut tirer des événements de l’année 2016, c’est celle de médias qui ne reflètent plus les réalités de la société contemporaine. Le « phénomène Trump » continue à être réduit à une expression xénophobe et misogyne d’une Amérique bigote et rétrograde. Le « Brexit » serait le résultat de l’ignorance du peuple au sujet des bienfaits du libre marché et la montée de l’AFD en Allemagne serait dû au racisme latent des Länder de l’ancienne RDA, or l’Allemagne, un des pays les plus riches de la planète compte le plus de pauvres, proportionnellement à sa population.

Vive la presse, vive la démocratie ! 

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